Des scientifiques identifient un frein au cannibalisme chez les criquets

Des scientifiques ont découvert une phéromone émise par les criquets pour éviter d'être dévorés par leurs congénères, ouvrant la voie à des méthodes pour contrôler leur population sans éradiquer l'espèce et ainsi préserver la sécurité alimentaire de millions de personnes en Asie et en Afrique.

Les nuées de criquets noircissant le ciel et dévastant toutes les cultures sur leur passage sont connues depuis les temps bibliques, mais elles menacent aujourd'hui encore la sécurité alimentaire de millions de personnes en Asie et en Afrique. Des scientifiques ont annoncé jeudi avoir découvert une phéromone que ces insectes émettent afin de ne pas être dévorés par leurs congénères - une trouvaille qui pourrait être utilisée à l'avenir pour dompter ces bêtes voraces.

"Les criquets se mangent par derrière"

Bill Hansson, directeur du département de neuroéthologie au Max Planck Institute et auteur principal de cette étude, publiée dans la revue Science, a déclaré à l'AFP s'être appuyé sur des recherches antérieures, ayant montré que ces essaims étaient en partie régis par la menace de cannibalisme. Le cannibalisme n'est pas rare dans la nature - des lions mangeant les lionceaux ne leur appartenant pas, aux renards mangeant leurs congénères morts pour se rassasier.

Pour les criquets, le cannibalisme sert un but bien précis. Les criquets migrateurs (locusta migratoria) traversent des phases de comportement si différentes que l'on pensait jusqu'à récemment qu'il s'agissait d'espèces séparées. En général, ces animaux sont plutôt solitaires et mangent relativement peu.

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Mais ils se transforment lorsque la densité de leur population augmente, lors de pluies et de conditions de reproduction temporairement optimales - suivies par une période de manque de nourriture. Une poussée d'hormones les fait alors vrombir, formant ces essaims et les rendant plus agressifs. Ce moment est connu comme la phase "grégaire", et le cannibalisme permettrait de les maintenir en mouvement afin de les conduire vers des zones plus riches en nourriture, selon une étude de 2020 menée par Iain Couzin, du Max Planck Institute for Animal Research.

En effet, explique Bill Hansson, "les criquets[...]

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