Science : les idées préconçues sur les femmes et les hommes ont laissé leur marque

"Le masculin l'emporte" : chez les scientifiques aussi, ce préjugé a la vie dure. Pour ne pas biaiser leurs résultats, ils et elles doivent démêler sexe et genre, biologie et normes sociales.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté janvier/ mars 2024.

Discuter du sexe des anges, ça ne sert à rien. Mais discuter du genre des entrepreneurs de la tech ou des chercheurs, c’est très utile et même indispensable pour ne pas commettre d’erreurs… scientifiques. Encore faut-il bien distinguer le sexe du genre, un concept sur lequel s’appuie de plus en plus la recherche. De quoi s’agit-il ? Selon l’Organisation mondiale de la santé, le sexe "se réfère aux différentes caractéristiques biologiques et physiologiques des femmes, des hommes et des personnes intersexuées, telles que les chromosomes, les hormones et les organes reproducteurs". C’est donc un sujet de biologie avant tout.

Quant au genre, la même institution y rapporte les "caractéristiques des femmes, des hommes, des filles et des garçons qui sont socialement construites. Cela inclut les normes, les comportements et les rôles associés au fait d’être une femme, un homme, une fille ou un garçon, ainsi que les relations entre les personnes" dans une société donnée.

Certaines idées préconçues sur les femmes ou les hommes ont laissé leur marque dans la science. "De nombreuses théories sont construites sur la supposée supériorité des hommes sur les femmes. C'est ce qu'on appelle l'androcentrisme", raconte Jean-Louis Vercher, neurophysiologiste, co-président du Comité parité égalité du CNRS. Ce présupposé a notamment influencé la recherche concernant le dimorphisme sexuel, c'est-à-dire les différences morphologiques plus ou moins marquées entre les individus de sexes différents. Dans les années 1950, on constate, chez l'humain, que cette différence dépend des chromosomes X et Y. Mais on ignore comment ces derniers orientent le devenir d'un embryon vers tel ou tel sexe. Une idée s'impose alors parmi les biologistes : le féminin est le sexe par défaut dans le schéma développemental. "Les chercheurs pensaient que le chromosome X contenait le matériel de base et que Y était[...]

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