Sarkozy, Pécresse, Bertrand... Les ténors LR ont-ils déjà fait leur choix pour la présidence du parti?

Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy échangent lors d'un Conseil national des Républicains à Paris, le 7 novembre 2015. - ALAIN JOCARD / AFP
Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy échangent lors d'un Conseil national des Républicains à Paris, le 7 novembre 2015. - ALAIN JOCARD / AFP

Qui sera le nouveau patron des Républicains? Début décembre, environ 60.000 adhérents du parti seront appelés à choisir leur nouveau chef de file. Trois candidats principaux réclament leurs suffrages: le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, et l'actuel secrétaire général du parti, Aurélien Pradié. Un scrutin surveillé de plus ou moins près par les figures du mouvement gaulliste.

• Xavier Bertrand

Après des semaines de cure médiatique, Xavier Bertrand fait sa rentrée politique ce week-end: il sera l'invité de BFM Politique ce dimanche. Et il lance ce samedi, depuis son fief de Saint-Quentin (Aisne), son nouveau mouvement politique, "Nous France".

Depuis la fin de l'été, "il a été très concentré sur ce lancement, et sur les dossiers régionaux", commente-t-on dans son entourage au Conseil régional des Hauts-de-France. "Mais bien sûr, il suit le scrutin interne."

"Je dirai en temps utile pour qui je voterai" a dit l'ancien candidat à la présidentielle dans Le Figaro ce mercredi.

De l'avis de beaucoup, peu de doutes: il pencherait pour le challenger de l'élection, le Lotois Aurélien Pradié. Les deux hommes s'afficheront ensemble dans les prochaines semaines.

Mais certains sénateurs proches du président des Hauts-de-France sont restés fidèles à leur chef de file, Bruno Retailleau... Le camp Bertrand en flagrant délit de double-jeu? "Ils font des parrainages pour lui", accuse un proche d'Éric Ciotti, qui soupçonne l'ancien ministre de tout faire pour éviter la victoire de celui qui apparaît comme le favori des militants...

• Valérie Pécresse

"Elle ne se mêlera pas de cette élection interne": à chaque interrogation au sujet de la présidence de LR, l'entourage de Valérie Pécresse fait cette même réponse.

Une position qu'elle a d'ailleurs répété à Éric Ciotti, venu lui rendre visite le 20 septembre dernier. "Une discussion franche" selon des proches de l'ancienne candidate. Parmi ces derniers, certains reprochent au Niçois d'avoir parasité à plusieurs reprises sa campagne présidentielle.

Valérie Pécresse a aussi rencontré récemment Aurélien Pradié, et pourrait le voir à nouveau prochainement. "J'ai des rapports respectueux avec elle", dit pudiquement le député-candidat.

Avec Bruno Retailleau, "ils s'appellent très souvent", rapporte un proche du Vendéen. À l'inverse de ses deux concurrents, Valérie Pécresse l'a jugé exemplaire au moment de sa campagne. "Des proches de Pécresse lui apportent leurs soutiens, dans une volonté claire de bloquer Ciotti", analyse une députée LR.

• Laurent Wauquiez

Éric Ciotti en a fait un argument de campagne: si les adhérents lui donnent les clefs de la rue de Vaugirard, Laurent Wauquiez sera désigné rapidement comme le candidat de la droite à la prochaine élection présidentielle. Ce dernier, depuis longtemps, fait peu mystère de son intérêt pour l'Elysée... Mais l'engagement étonne les stratèges.

"C'est le pire cadeau qu'il pouvait faire à Wauquiez", note-t-on dans l'entourage de Bruno Retailleau. "C'est lui coller une grande cible dans le dos, très encombrante", plus de quatre ans avant 2027.

Difficile d'imaginer que le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes puisse soutenir quelqu'un d'autre à l'élection interne. "Il travaille pour Ciotti officieusement, il aide pour les parrainages", croit savoir un soutien du député des Alpes-Maritimes.

Fidèle à sa réserve vis-à-vis de la scène politique nationale, Laurent Wauquiez a juste prévenu à la fin de l'été: "J'exprimerai ma position."

• Rachida Dati

Dans une interview au JDD le 11 septembre, la maire du 7e arrondissement de la capitale n'a rien laissé paraître de son choix : "J'attends les professions de foi et les débats auxquels je participerai.

Figure très populaire à droite, et notamment au sein de l'importante fédération parisienne, Rachida Dati est forcément une personnalité dont l'appui est très convoité. Mais pour l'instant, officiellement, elle ne soutient personne.

Proximité idéologique, points communs dans les parcours politiques... Éric Ciotti aurait-il sa préférence? "Il l'appelle beaucoup", raconte un membre de son équipe de campagne. Rachida Dati se serait vue offrir un rôle de premier plan dans le parti en cas de victoire. "Elle a été flattée par la proposition", raconte un élu francilien.

Mais avec la prochaine municipale parisienne dans le viseur, et pour ne fâcher personne, l'ancienne garde des Sceaux pourrait choisir de garder le silence.

• Nicolas Sarkozy

"Il prend de plus en plus de recul", jugeait il y a quelques semaines un ténor du parti. Mais comme toujours quand il s'agit des Républicains, l'ancien président a un regard sur les évènements.

"Il est pétrifié de voir ce qu'il se passe dans sa famille politique", dit l'un de ses proches.

La candidature qui aurait le moins ses faveurs serait celle de Bruno Retailleau. "C'est un villiériste!", rappelle un de ses visiteurs réguliers, en référence à la proximité passée entre le sénateur de Vendée et Philippe de Villiers. "Ce serait un drôle de message politique... Sarkozy n'a pas du tout envie de ça, il pense que la droite c'est autre chose..."

Toujours prompt à saluer l'héritage sarkozyste, Éric Ciotti aurait-il davantage les faveurs de l'ex-chef de l'État ? Aux journées parlementaires mi-septembre, l'entourage de l'élu niçois précisait que les deux hommes n'avaient pas échangé depuis les législatives.

Même s'il conserve des amis fidèles au sein du parti, l'influence de Nicolas Sarkozy est jugée déclinante depuis des mois. Son choix de ne pas soutenir Valérie Pécresse à la dernière présidentielle reste une blessure pour de nombreux adhérents.

Article original publié sur BFMTV.com