Saper une réputation : un phénomène qui existait bien avant les réseaux sociaux

Pourquoi éliminer physiquement un dirigeant quand il peut être sorti du jeu plus subtilement ? "Le discrédit médiatique a fait ses preuves depuis belle lurette", témoigne l’historien Olivier Coquard. Dans la Rome antique, Cicéron détruit ainsi Catilina tandis que Jules César orchestre une campagne stigmatisant l’incapacité de son rival Pompée à résoudre une pénurie alimentaire." L’imprimerie va booster les hostilités. En France, durant les guerres de religion, Henri III fait l’objet d’une violente production pamphlétaire des ultra-catholiques où il est dépeint comme renégat et sodomite ; ces écrits le diaboliseront dans l’esprit du moine Jacques Clément, son futur assassin. De même, Concino Concini, conseiller de la régente Marie de Médicis, est démoli par des libelles suscités par le jeune Louis XIII.

Ces nombreux imprimés – plus de 20 000 – à l’encontre de Mazarin l’obligent à l’exil. Puis à la veille de la Révolution, des spéculateurs financent des écrits fustigeant Marie-Antoinette pour fragiliser la monarchie française et renforcer la livre anglaise. Les mots vont bientôt tuer. En 1793, les articles de Camille Desmoulins contre les Girondins s’avèrent littéralement assassins. Saint-Just et Robespierre n’auront plus qu’à pousser ces adversaires sur l’échafaud.

Le scandale des décorations monnayées par son gendre fait tomber le président Grévy (1887). Puis la presse d’extrême droite s’acharne sur le ministre socialiste Roger Salengro, qui se suicide après avoir été traité de (...)

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