Du sang et des larmes : qui a créé l’impôt sur le revenu ?

Aujourd’hui, l'impôt sur le revenu représente la deuxième source de rentrées fiscales de l’État.  - Credit:Mourad ALLILI/SIPA / SIPA / Mourad ALLILI/SIPA
Aujourd’hui, l'impôt sur le revenu représente la deuxième source de rentrées fiscales de l’État. - Credit:Mourad ALLILI/SIPA / SIPA / Mourad ALLILI/SIPA

Printemps 1914, un vent de révolution fiscale souffle sur la France. Nos élus, après plus de soixante ans de débats, adoptent enfin la création de l'impôt progressif sur l'ensemble des revenus, emboîtant le pas de nos voisins européens et des États-Unis. Jusque-là, la fiscalité de notre pays reposait sur quatre contributions directes (foncière, mobilière, patente, portes et fenêtres).

Tout commence en 1848, lorsque Louis-Antoine Garnier-Pagès, alors ministre des Finances de la IIe République, évoque pour la première fois l'instauration d'un impôt sur le revenu. Sans convaincre. Il faut attendre les élections législatives de 1869 pour voir le sujet ressurgir dans le débat public par l'intermédiaire de Léon Gambetta et l'opposition républicaine. Ils inscrivent cette proposition dans leur « programme de Belleville ». Mais là encore, ils ne parviennent pas à l'imposer dans l'agenda parlementaire, se heurtant en particulier au président de la République de l'époque, Adolphe Thiers, qui qualifie leur projet d'« atroce impôt ».

Un barème progressif

Entre 1894 et 1900, tous les ministres des Finances, à l'exception de Raymond Poincaré, déposent chacun à leur tour un projet d'impôt sur le revenu. L'un d'eux ne lâche pas son idée. Il s'agit de Joseph Caillaux. En 1900, alors ministre des Finances du gouvernement du bloc des gauches, il provoque l'ire la Fédération française des contribuables et de la Ligue des contribuables, soutenue par le quotidien national Le Figaro [...] Lire la suite