Sam Bankman-Fried, ex-patron de FTX, reconnu coupable de tous les chefs d’accusation

Sam Bankman-Fried, fondateur de la plateforme de cryptomonnaies FTX, est inculpé de lourdes charges liés à des détournements de fonds des clients de FTX.
Tom Williams / CQ-Roll Call, Inc via Getty Imag Sam Bankman-Fried, fondateur de la plateforme de cryptomonnaies FTX, est inculpé de lourdes charges liés à des détournements de fonds des clients de FTX.

JUSTICE - Accusé de fraude, d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent, Sam Bankman-Fried a été reconnu coupable jeudi 2 novembre par un jury new-yorkais des sept chefs d’accusation retenus contre lui, après cinq semaines d’un procès retentissant.

« SBF », la star déchue des cryptomonnaies, encourt jusqu’à 110 ans de réclusion criminelle au total. Sa peine doit être prononcée ultérieurement.

Après moins de cinq heures de délibéré, le jury l’a reconnu coupable d’avoir utilisé, à leur insu, les fonds déposés par les clients de sa plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX, qui a fait faillite en novembre 2022. L’argent a alimenté les transactions et placements à risque de sa société d’investissement, Alameda Research, dont les emprunts à la plateforme ont atteint jusqu’à 14 milliards de dollars environ.

« L’une des plus grosses fraudes financières de l’histoire des États-Unis »

« Sam Bankman-Fried a commis l’une des plus grosses fraudes financières de l’histoire des États-Unis », a déclaré le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, après la lecture du verdict. « Un stratagème à plusieurs milliards de dollars conçu pour faire de lui le roi des cryptos. »

C’est un succès pour l’accusation, qui a enseveli « SBF » sous des millions de documents, dont plusieurs accablants, ainsi que les témoignages de trois de ses anciens proches collaborateurs, dont son ancienne petite amie.

Tous ont affirmé avoir agi sous la direction de leur ancien patron, à la manœuvre pour toutes les décisions clés qui ont permis le détournement de l’argent des clients et des prises de risque insensées par Alameda.

« Qui avait le contrôle ? C’est ça, la question », avait lancé, mercredi à l’audience, le substitut du procureur Nicolas Roos. « C’était une personne : l’accusé. »

« Grosses erreurs »

Face à ce barrage, l’ancien milliardaire, dont la fortune s’est envolée avec l’implosion de FTX et Alameda, a tenté de plaider la bonne foi, présentant le visage d’un jeune entrepreneur sans expérience plutôt que celui d’un criminel. Il a reconnu de « grosses erreurs », mais a toujours nié avoir enfreint sciemment la loi.

Son avocat, Mark Cohen, a accusé, à l’audience, le procureur de le présenter comme un « monstre », un « méchant », en caricaturant ses agissements et sa personnalité. Le jeune trentenaire a même choisi de témoigner à son procès, une initiative rare car considérée comme trop risquée.

Mais cette audition, faute de le renforcer, l’a encore davantage fragilisé, l’ancien pédagogue des cryptos, à l’intelligence supérieure, se montrant fuyant et alambiqué sous le feu des questions de l’accusation.

« Nous sommes très déçus du résultat »

Pour innocenter l’accusé, « il vous faudrait croire qu’il n’avait rien compris » de ce qu’il se passait au sein de ses propres sociétés, avait lancé mercredi le substitut du procureur Nicolas Roos. « Vous avez suivi tout ce procès et vous savez que rien de tout cela n’est vrai », a-t-il insisté à l’adresse du jury.

Sam Bankman-Fried a aussi tenté de charger ses ex-collaborateurs, les taxant tantôt d’incompétence, tantôt de l’avoir averti trop tard ou insuffisamment de la situation financière d’Alameda.

« Nous respectons la décision du jury, mais nous sommes très déçus du résultat », a réagi Mark Cohen. « M. Bankman-Fried maintient qu’il est innocent et va continuer à contester avec vigueur les charges retenues contre lui. »

« Un avertissement à tous les escrocs »

La faillite de FTX, qui intervenait après six mois de turbulences et d’autres défaillances, a pénalisé le monde des cryptomonnaies, qui se remet à peine de cette traversée du désert.

« L’industrie des cryptomonnaies est peut-être récente, avec des acteurs d’un nouveau genre comme Sam Bankman-Fried, mais ce type de fraude, de corruption, est vieux comme le monde », a commenté Damian Williams.

Pour le procureur fédéral, le verdict de jeudi « est un message, un avertissement à tous les escrocs qui se pensent intouchables, qui pensent que leurs crimes sont trop complexes pour que nous les attrapions ».

« Qu’ils réfléchissent à deux fois », a-t-il averti. « S’ils persistent, nous aurons assez de menottes pour tout le monde. »

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