Salon de l’Agriculture : Marine Le Pen en visite en plein cafouillage au RN sur les prix planchers

La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, à son arrivée au Salon de l’agriculture mercredi 28 février.
THOMAS SAMSON / AFP La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, à son arrivée au Salon de l’agriculture mercredi 28 février.

POLITIQUE - Après Jordan Bardella, au tour de Marine Le Pen de se balader dans les allées du Salon de l’Agriculture ce mercredi 28 février. Une déambulation qui avait — en théorie — tout d’une balade de santé au regard des efforts déployés par l’extrême droite pour surfer sur la colère paysanne, mais qui se retrouve gâchée par un couac qui fait tache.

Et pour cause : celui-ci concerne l’une des mesures phares défendues par le Rassemblement national pour sortir de la crise agricole : l’instauration de prix planchers, par ailleurs évoquée samedi 24 février sur place par Emmanuel Macron. En l’occurrence, un revirement spectaculaire de la part du président du RN Jordan Bardella sur le sujet, en l’espace de 24 heures. Dimanche 25 février sur BFMTV, la tête de liste du parti d’extrême droite pour les européennes affirmait : « Quand il s’est agi de voter les prix planchers à l’Assemblée nationale, il n’y a eu qu’un malheur, c’est que la majorité d’Emmanuel Macron s’y est opposée. »

Or, le lendemain dans les allées du Salon, volte-face au micro de France Bleu. « Si vous mettez en place des prix planchers au niveau français, c’est une trappe à pauvreté parce que, précisément, on ira se fournir sur le marché européen. Et si vous mettez en place de manière totalement chimérique des prix planchers au niveau européen, on ira se fournir sur les marchés internationaux », a-t-il affirmé, alors que les élus RN à l’Assemblée nationale avaient voté la proposition de loi des Insoumis visant à instaurer ce système.

« Ils changent d’avis comme de chemise »

Ce qui, évidemment, n’a pas manqué d’être raillé par la gauche. « Ils prétendent une chose et son contraire, changent d’avis comme de chemise, n’y connaissent rien aux questions de fond qui se posent à la société française et aux agriculteurs… En bref, méprisent leurs électeurs. C’est le RN », a ironisé dans un tweet Marie Toussaint, l’adversaire écologiste de Jordan Bardella aux élections européennes. Même remarque faite par leur homologue communiste, Léon Deffontaines : « On savait le RN contre la hausse du Smic, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre le rétablissement de l’ISF. On sait désormais qu’ils sont contre les prix planchers pour l’agriculture. Et donc contre le droit de vivre de son travail. »

Selon plusieurs médias, la séquence a passablement agacé Marine Le Penn, qui défend la mesure depuis 2012. Politico rapporte que la députée du Pas-de-Calais a même fait une mise au point lors de la réunion du groupe RN à l’Assemblée, afin de rappeler qu’en dépit de la sortie du président du parti sur le sujet, le positionnement n’a pas changé. « Ce mardi matin, en réunion de groupe, Marine Le Pen a pris la parole en ouverture pour rappeler la position : il faut que l’État soit arbitre s’il n’y a pas d’accord (sur les prix, ndlr). Elle n’a pas utilisé les mots ’prix plancher’, mais ça équivaut au prix plancher », confirme à BFMTV un député RN, qui affirme que le sujet a semé la confusion dans la boucle de discussion interne aux élus du groupe lepéniste. Le même affirme que lui-même « n’arrive pas à comprendre » pourquoi le président du parti dit l’inverse de celle qui en reste la patronne politique.

Auprès du Monde, le député Grégoire de Fournas, censé être le référent du RN sur les sujets agricoles, peine également à expliquer la sortie du dauphin de Marine Le Pen. « Peut-être a-t-il voulu expliquer qu’un prix plancher national, sans mesure de patriotisme, entraînerait une distorsion de concurrence et une hausse perverse des importations », a-t-il décrypté, occultant le fait que Jordan Bardella s’exprimait sur le principe même des prix planchers.

« Non pas du tout, il n’y a pas de conflit entre moi et Jordan Bardella quant aux prix planchers. J’ai relu la déclaration de Jordan Bardella, c’est exactement ce que nous proposons », a pour sa part tenté de déminer d’emblée Marine Le Pen ce mercredi face à la presse au moment de son arrivée au Salon de l’agriculture. Charge à elle de convaincre le monde agricole que le RN porte des propositions cohérentes en la matière.

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