Salman Rushdie : « Quand quelqu’un vous plante un couteau dans la chair… »

L'écrivain et essayiste britannique Salman Rushdie, à Paris, le 10 septembre 2018.  - Credit:JOEL SAGET / AFP / JOEL SAGET/AFP
L'écrivain et essayiste britannique Salman Rushdie, à Paris, le 10 septembre 2018. - Credit:JOEL SAGET / AFP / JOEL SAGET/AFP

« Vu ce qui m'est arrivé, je ne vais pas si mal. » Quelle émotion d'entendre Salman Rushdie parler ! On reconnaît aussitôt la douceur de cette voix à l'accent mélodieux qui réunit Bombay (ville de sa naissance en 1947) et Cambridge (il étudia à King's College)… Une voix qui – seule trace du drame que l'écrivain vient de vivre – paraît tout de même voilée par la fatigue, ou par les séquelles de l'attaque (l'écrivain a notamment été poignardé au cou) dont il a été victime en août 2022. Pour son premier entretien depuis cet attentat, et alors que son roman Victory City (achevé avant ce qu'il appelle « l'incident ») paraît dans les pays anglo-saxons, le romancier a choisi le New Yorker sous la double forme d'un podcast et d'un long portrait.

L'entretien s'est déroulé en décembre dernier, dans les bureaux de l'agent littéraire Andrew Wylie. Sur la photo qui accompagne l'article, on découvre le nouveau visage de Rushdie : une cicatrice barre sa joue et sa gorge, son œil droit, également visé par l'agresseur, apparaît masqué. Pourquoi le New Yorker ? Certainement par amitié pour son directeur, David Remnick, un soutien indéfectible depuis 1989 et la fatwa émise par l'ayatollah Khomeiny à la suite de la publication des Versets sataniques, tandis que d'autres écrivains, journalistes et personnalités religieuses (dont l'archevêque de Cantorbéry, le cardinal de New York, ou le grand rabbin d'Angleterre) considéraient qu'il avait lui-même « attiré le cauchemar sur lui [...] Lire la suite