"Sale juif !" : violente agression antisémite en pleine journée à Paris

Un père et son fils portant la kippa (illustration Getty Images)
Un père et son fils portant la kippa (illustration Getty Images)

Jeudi dernier en pleine journée, un homme a été roué de coups dans le XIXe arrondissement parisien. Ses agresseurs lui ont volé des affaires et l’ont insulté sur sa religion. L’homme et le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme ont porté plainte.

“Sale juif ! Sale fils de p…! Sale race ! T'es un homme mort ! On va te crever !”. Voilà les insultes qui auraient accompagné les coups jeudi dernier, dans un immeuble de la rue Archereau, à Paris. Ce sont les termes qu’a rapporté David lors de son dépôt de plainte, dans un commissariat du Val-de-Marne. Il raconte les dégâts que causent ce genre d’agression, dans les colonnes du Parisien : “Les images me hantent. Ça tapait, ça tapait. J'étais comme un punching-ball. Je me dis, c'est ça, en 2020, on peut s'en prendre plein la gueule, gratuitement, juste parce que tu es juif.”

“Là, vous voyez la mort”

Jeudi donc, David vient chercher sa fille chez ses parents, qui la gardent pendant les vacances. Deux hommes, “parfaits inconnus, plutôt bien habillés, la vingtaine”, pénètrent avec lui dans l’ascenseur. Lorsqu’il sort à l’étage de ses parents, David est pris dans une spirale de violences : “Ils m'ont sauté à la gorge alors que je sortais. L'un m'étranglait tandis que l'autre me rouait de coups de poing. Puis ils ont ouvert la porte de l'escalier de secours et m'ont balancé. J'ai dévalé les marches. J'étais en bas, à terre. Ils sont revenus me rouer de coups et m'arracher ma montre au poignet et encore m'étrangler.” Et David de lâcher une phrase qui en dit long sur le calvaire vécu : “Là, vous voyez la mort. Vous n'avez plus de force. Vous ne respirez plus. Vous voulez juste que ça se termine.”

La sortie du père de David sur le palier, inquiet de ne pas voir arriver son fils, va sans doute sauver David, qui s’est évanoui. “Il les a entendu courir dans les escaliers. Je pense que sans lui, ils me laissaient pour mort”, reprend le père de famille de 29 ans. Sur le palier, le téléphone de David, ses clés, ses sacs. Dans la cage d’escalier, un homme inconscient...

L’enquête est en cours

Alors que le commissariat du XIXe arrondissement ne s’est pas déplacé suite à l’appel de la famille, David va déposer plainte dans le Val-de-Marne, son département de résidence. Il se voit prescrire dix jours d’interruption totale de travail (ITT). Et reçoit le soutien du Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme (BNCVA). “C'est important que la victime ne se sente pas seule, explique Sammy Ghozlan, président du BNCVA, toujours dans Le Parisien. Nous voulons qu'il ait l'association derrière lui pour le soutenir. Et nous voulons aussi que les services enquêteurs mettent tout en œuvre pour retrouver les auteurs mus par la haine du juif.”

Si le caractère crapuleux de l’agression semble avéré (la victime s’est faite délester d’une Rolex Submariner d’une valeur de 10 000 euros), le parquet jugera si les insultes proférées entraînent la retenue de la qualification d’antisémitisme. En attendant, les coupables présumés courent toujours. Mais “ne vous inquiétez pas, il vont les retrouver !”, a assuré un policier à David, confiant quant aux enregistrements des caméras de vidéo-surveillance. L'enquête a été confiée à la Sureté territoriale parisienne.