Le sale boulot des bourreaux

Le film de Mohammad Rasoulof alterne huis clos et séquences en plein air où la nature joue un rôle « libérateur ».
Le film de Mohammad Rasoulof alterne huis clos et séquences en plein air où la nature joue un rôle « libérateur ».

Ils se prénomment Heshmat, Pouya, Javad ou encore Bharam. Ces quatre hommes, d?âges et de milieux différents, partagent la même expérience. Ils se sont tous vu ordonner d?exécuter un de leurs concitoyens. Leurs réactions ont cependant été différentes. Certains se sont rebellés, désertant ce régiment spécial chargé d?appliquer la peine capitale : une unité où les appelés du contingent côtoient des militaires d?active. D?autres se sont, en revanche, pliés aux ordres.

Ours d?or à l'édition 2020 de la Berlinale, Le diable n?existe pas de Mohammad Rasoulof sort enfin sur les écrans en ce 1er décembre. Plaidoyer en faveur de l?abolition de la peine de mort, c?est aussi et surtout un film profond qui creuse la question de l?obéissance. Par-delà ses personnages, c?est bien les spectateurs que sonde le cinéaste en les interrogeant ouvertement. Seriez-vous capable d?ôter aveuglément la vie d?un homme si on vous le demandait ? Accepteriez-vous de tuer quelqu?un dont vous ne savez rien, dont vous ignorez même les raisons qui ont poussé les juges à le condamner à mort ?

Un message universel

Obéir ou désobéir. Renoncer à une vie « normale » ou s?exposer à la réprobation de ses semblables. Faire son devoir, mais lequel ? Les dilemmes intérieurs qui assaillent les protagonistes de cette ?uvre sont déchirants. Face aux insolubles tourments des hommes et des femmes de cette fiction, chacun est laissé libre de choisir sa ligne de conduite.

La liberté, tel est justement l?autre s [...] Lire la suite