« Salade grecque » sur Prime Video, une série moins légère que « L’Auberge espagnole »

Megan Northam, ici dans « Salade Grecque » sur Amazon Prime Video.
Megan Northam, ici dans « Salade Grecque » sur Amazon Prime Video.

SÉRIES TÉLÉ - Ici, pas de tomate, de concombre ni d’huile d’olive, mais plutôt une descente de flics, des immeubles abandonnés et une jeunesse engagée. Dix ans après Casse-tête chinois, Cédric Klapisch renoue avec sa trilogie culte entamée par L’Auberge espagnole avec l’arrivée, ce vendredi 14 avril, de la série Salade grecque sur Amazon Prime Video.

Wendy (Kelly Reilly) et Xavier (Romain Duris) sont toujours en vie, mais ce n’est pas eux que nous suivons. Non, l’histoire se penche sur leurs deux enfants Tom (Aliocha Schneider) et Mia (Megan Northam) qui, à la mort du grand-père maternel, découvrent qu’ils ont hérité d’un gigantesque bâtiment délabré au cœur d’Athènes d’une valeur d’un million d’euros.

Pour le premier, c’est une aubaine. Avec cet argent, il aurait largement de quoi monter sa start-up à New York. Tom veut vendre la bâtisse. Sa sœur, un peu moins. Mia a lâché ses études Erasmus à Athènes, mais ne l’a pas dit à ses parents. Aujourd’hui, elle se donne à 100 % dans une association d’aide aux réfugiés. Délogée aux côtés des autres militants du squat où elle vivait, Mia veut investir l’immeuble dont elle vient d’hériter.

Des enjeux actuels

Autour d’eux et de leurs prises de bec : une riche galerie de colocataires issus des quatre coins de l’Europe et d’ailleurs. S’ils savent rire et faire la fête comme leurs aînés de Barcelone, ils ne partagent pas la même insouciance. Ensemble, ils parlent politique, logement et ouverture des frontières, sur fond de guerre en Ukraine et crise migratoire. Ils débattent des rapports hommes femmes et réfléchissent aux identités de genre.

Des thématiques « propres à notre génération », nous dit Aliocha Schneider, 29 ans. « Ce sont des piqûres de rappel, ajoute Megan Northman, elle aussi très concernée par ces sujets. Cette série ne dit pas comment penser, mais plutôt de garder les yeux grands ouverts, parce que c’est important d’être au courant de ce qu’il se passe. »

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Pour éviter les écueils, Cédric Klapisch s’est entouré de cinq scénaristes de moins de 30 ans. « C’est en parlant avec eux que toutes ces problématiques sont sorties, nous raconte le cinéaste de 61 ans. Je ne voulais pas partir de ce que je pensais de la jeunesse, mais de ce qu’eux vivaient. » Lola Doillon, qui a réalisé plusieurs épisodes, ajoute : « Et pour chaque personnage, on a demandé à l’acteur ou l’actrice d’y mettre sa réalité. »

Une génération « plus engagée »

Megan Northman peut en témoigner. Dans la série, son personnage est victime d’une agression sexuelle. Sa plus grande appréhension n’était pas la scène en elle-même, mais la suite quand, face à la caméra de son téléphone, Mia se filme pour dénoncer son agresseur, avant de partager la vidéo en ligne.

« Je sais qu’il existe de vrais témoignages de cet ordre-là sur les réseaux sociaux et j’avais peur de la mise en scène théâtrale. Il fallait que je me l’approprie. La veille du tournage, j’ai réécrit avec mes propres mots le texte que Mia prononce. J’avais besoin que ça me parle pour me sentir légitime d’en parler à mon tour », explique l’actrice. Avant d’ajouter : « Par les mots de Mia, j’embarque un certain nombre de femmes. C’était aussi beaucoup de pression. »

Forte tête et grande gueule, Mia lutte en faveur des droits des réfugiés et n’hésite pas à s’imposer devant des militants d’extrême droite ou la police. Elle est foncièrement anticapitaliste, mais reconnaît ses privilèges. Comme les autres héros de la série, elle est l’antithèse des rêveurs de L’Auberge espagnole. Son actrice, aussi : « ça me démange, on fait les interviews aujourd’hui alors qu’il y a la manif ».

« Notre génération est beaucoup plus engagée », appuie Aliocha Schneider, dont le personnage oublie rapidement son costume de businessman. Le comédien évoque, par exemple, l’urgence climatique comme argument. « Les gens réagissent plus, ils sont moins passifs », commente à son tour Cédric Klapisch. « C’est comme s’ils n’avaient pas le choix de réagir. Ils sont militants et acculés par tout ce qui se passe », abonde Lola Doillon.

Une ville politique

Au carrefour des enjeux économiques et politiques actuels en Europe, la ville d’Athènes s’est imposée comme le décor idéal. Destination prisée des étudiants pour ses logements abordables, la cité grecque héberge toute une nouvelle scène musicale et artistique, « comme ce qu’il se passait à Berlin il y a vingt ans et qui n’est plus vrai aujourd’hui », constate Cédric Klapisch.

Aliocha Schneider, ici dans « Salade grecque ».
Aliocha Schneider, ici dans « Salade grecque ».

C’est une ville à part, marquée politiquement, où certains quartiers anarchistes interdisent encore aux autorités d’y mettre les pieds. Aux ruines du Parthénon se mêlent celles des nombreux immeubles abandonnés, squattés et tagués. « Il y a l’idée de fin de civilisation et début d’une autre », continue le réalisateur, dont la série au ton résolument comique dans les débuts vire au drame, avec la mort tragique d’un des héros dans les derniers épisodes.

« C’était ça, l’intérêt du format d’une série, nous explique-t-il, au regard des huit épisodes d’une cinquantaine de minutes. Là, on était obligé d’aller plus loin dans les conflits, dans les obstacles et les épreuves, contrairement à la durée d’un film, comme L’Auberge espagnole. » Plus sombre et moins légère que la trilogie initiale, Salade Grecque n’oublie pas l’humour et réserve de belles surprises. Comme une deuxième saison ? C’est « envisageable », mais pas encore « envisagé », nous dit son créateur. En tout cas, « pas juste l’année prochaine ». Le temps de booker la prochaine destination ?

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