"Je sais de quoi je parle": l'émotion d'Aurore Bergé au moment de parler des violences conjugales

Aurore Bergé à l'Assemblée nationale le 7 mars 2023 - Assemblée nationale
Aurore Bergé à l'Assemblée nationale le 7 mars 2023 - Assemblée nationale

Un texte repoussé et des larmes aux yeux. En pleine séance à l'Assemblée nationale ce mardi soir pour défendre sa proposition de loi sur l'inéligibilité des auteurs condamnés pour des violences, Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance a été vivement tancée par les oppositions.

"Je sais exactement de quoi je parle quand je parle des violences conjugales", a avancé l'élue des Yvelines, manifestement très émue sous les huées d'une partie de l'hémicycle.

"Remettre en cause la sincérité qui est la mienne"

Avant d'ajouter qu'"entendre, intervention après intervention, remettre en cause la sincérité qui est la mienne sur ce combat, comme vous l'avez fait, je ne peux pas le laisser passer", sous les applaudissements de son groupe.

La proposition de loi défendue par la numéro 1 des députés macronistes, vise à étendre une disposition du code pénal. La loi établit déjà une peine d'inéligibilité obligatoire pour certains délits, notamment des violences ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours. Mais elle n'est en rien obligatoire en dessous de ce chiffre.

Aurore Bergé a porté une mesure qui entraînerait une peine automatique d'inéligibilité pour toute condamnations pour des faits de violences aggravés, notamment sur mineur de moins de quinze ans ou sur conjoint.

"Une loi d'émotion" et de "règlement de comptes"

La proposition de loi, signée par tous les députés du groupe Renaissance, avait été présentée le 11 janvier dernier, le jour du retour d'Adrien Quatennens condamné pour violences conjugales.

"La vengeance est un plat qui se mange chaud, apparemment (...). C'est une loi d'émotion, et pire, de règlement de comptes. Les violences faites aux femmes sont un sujet trop important, pour que l'on en fasse un objet bassement politicien", a lancé la députée (non inscrite) Emmanuelle Ménard dans l'hémicycle.

Ce texte a également été paraphé par Damien Abad, député apparenté Renaissance, accusé de viol et de tentatives de viol par 4 femmes. L'ancien ministre des Solidarités, qui a été contraint à la démission, fait l'objet d'une enquête judiciaire.

"L'arbre qui cache les turpitudes macronistes"

De quoi faire dire à Danièle Obono que "le cas d'Adrien Quatennens, que les auteurs de ce texte instrumentalisent de manière éhontée pour le justifier, est l'arbre qui cache mal la forêt de turpitudes macronistes depuis 5 années".

Lors des dernières législatives, Renaissance avait elle-même investi Jérôme Peyrat. Candidat en Dordogne, ce cadre de la majorité avait pourtant été condamné en 2020 pour des violences envers une ex-compagne.

Sous pression et après les propos de Stanislas Guérini, alors le patron du parti qui l'avait qualifié d'honnête homme" puis rétropédalé, il avait finalement retiré sa candidature.

"Est-ce que, oui ou non, celles et ceux qui ont été condamné pour des violences aggravées, ceux qui ont été condamnés pour des violences conjugales, est-ce que ceux-là demain méritent d'être des élus ?", a conclu Aurore Bergé.

Sans guère convaincre. Les députés ont repoussé par 182 voix contre et seulement 60 pour.

Article original publié sur BFMTV.com