Saint-Valentin : Les bouquet de fleurs sont-ils si verts que ça ?

En France, les roses fleurissent plutôt l'été qu'au mois de février (Crédits : Getty Images/iStockphoto).

Les fleurs sont le cadeau le plus offert par ceux qui fêtent la Saint-Valentin, d'après une étude Yougov publiée en 2022.

Chaque année, des milliers de bouquets sont vendus le jour de la Saint-Valentin. Une majorité de Français a beau considérer qu’il s’agit d’une fête commerciale, un tiers de ceux qui sont en couple envisagent d’acheter un bouquet le 14 février, d’après un sondage Ipsos paru 2022.

Une majorité de fleurs importées

À l’heure d’une exigence de transparence accrue des consommateurs, les fleurs coupées restent un produit un peu opaque pour le grand public. En effet, l’indication de leur provenance n’est pas obligatoire, faute de réglementation européenne, même si un chantier a récemment été lancé à l’initiative de l’Union nationale des fleuristes.

L’enjeu n’est pas anodin, car 80 à 90% des fleurs coupées vendues en France sont importées. Elles proviennent majoritairement du Kenya, d’Ethiopie, d’Equateur ou de Colombie. "Ces fleurs poussent loin, mais dans des pays où le climat permet d’utiliser peu d’énergie, pas de serre chauffée ni trop d’arrosage", nous explique Malorie Clair, cheffe de projet chez Excellence végétale, association d’acteurs de la filière horticole.

Des cultures locales pas toujours moins polluantes

Après la pousse, elles sont coupées puis expédiées par avion, le plus souvent vers les Pays-Bas, place logistique centrale du marché de la fleur coupée, avant d’atterrir dans la boutique d’un fleuriste en France. S’il n’existe pas de méthodologie scientifique standard pour calculer l’empreinte carbone de ces fleurs venues d’ailleurs, une étude britannique prétend qu’un bouquet de fleurs cultivées au Kenya et vendu au Royaume-Uni émet dix fois plus de carbone qu’un bouquet local.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’elles ne prennent pas l’avion que l’empreinte des fleurs est plus faible. La culture horticole sous nos latitudes peut être très énergivore. "Dans les régions équatoriales, les fleurs requièrent moins d’énergie, tandis qu’en Europe, on utilise parfois des énergies fossiles pour chauffer les serres", souligne Farell Legendre, fleuriste et président de la Fédération françaises des artisans fleuristes.

Un rebond de l'horticulture française

La production française, principalement située en Provence et en Bretagne, ne peut de toute façon pas satisfaire toute la demande dans l’Hexagone. "La France a fait le choix de se centrer sur la betterave et les céréales", observe Farell Legendre.

"Ces 20 dernières années, on a perdu beaucoup de producteurs à cause de la concurrence internationale et de l’accès aux terres plus difficile", abonde Malorie Clair. "Mais depuis la crise du Covid-19, on constate qu’il y a une tendance à consommer plus local, et un élan du consommateur pour les fleurs coupées françaises. Cela a encouragé l’installation de nouveaux producteurs et la création de fermes florales", poursuit-elle.

Des labels écolos et équitables

En attendant que ces graines portent leurs fruits, vous pouvez vous tourner vers les labels, comme "Fleurs de France", qui garantit des végétaux cultivés dans l’Hexagone, dans le respect d’un cahier des charges éco-responsable.

Pour les fleurs importées, les labels Max Havelaar ou Fair Flowers Fair Plants peuvent vous rassurer sur les conditions de travail des salariés des exploitations horticoles. Et si vous avez du mal à vous y retrouver, il vaut mieux demander conseil à un fleuriste. "Nous n’avons rien à cacher, et nous sommes capables de répondre aux exigences sociétales et environnementales, et aux attentes des consommateurs en matière de traçabilité", assure Farell Legendre.

Des saisons à respecter

Gardez aussi en tête que les fleurs sont des produits agricoles comme les autres, avec une saisonnalité. Il est d’ailleurs ironique que la rose soit devenue l’emblème de la fête des amoureux, alors qu’elle ne fleurit pas en février sous nos latitudes, mais à l’été. "En février, c’est la pleine saison du mimosa", rappelle Farell Legendre. "Si vous voulez du rouge pour la Saint-Valentin, les renoncules et les anémones offrent de belles palettes, et c’est aussi la bonne période pour les camélias, les jonquilles et les perce-neiges".

Enfin, si vous voulez vraiment offrir un bouquet écolo, ne négligez pas la question de l’emballage, et optez pour le papier plutôt que le plastique.

VIDÉO - Les astuces de grand-mères pour faire durer son bouquet de fleurs