Les Saint-Hubert, des chiens à l'odorat "très fin", venus en renfort pour retrouver la trace d'Émile

Les Saint-Hubert, des chiens à l'odorat "très fin", venus en renfort pour retrouver la trace d'Émile

Une course contre-la-montre s'est engagée pour retrouver Émile, ce petit garçon de deux ans et demi, porté disparu depuis samedi après-midi au Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. D'importants moyens sont déployés à la fois sur terre et dans les airs, avec des hélicoptères et des caméras thermiques. Au sol, des équipes cynophiles sont venues très rapidement en renfort, notamment avec la présence d'équipes composées de maîtres-chiens et de chiens de la race des Saint-Hubert.

"Ces chiens ont un odorat très très fin", explique sur BFMTV Nassima Djebli, la porte-parole de la gendarmerie nationale.

"Ces chiens interviennent souvent en deuxième niveau de recherches", précise le major Mourier, référent national pistage Saint-Hubert à la gendarmerie nationale. Là où les traditionnels bergers allemands ou Malinois ont une capacité de pistage jusqu'à 24 heures après la disparition de la personne, la race des Saint-Hubert "est réputée avec plus de qualité olfactive".

"Quand le premier pistage n'aboutit pas, il y a une demande d'intervention des Saint-Hubert, poursuit le major. Cela complète les premières recherches."

11 équipes en France

Introduit dans la gendarmerie nationale en 2003, suivant ce qu'il se faisait déjà aux États-Unis, le Saint-Hubert est depuis très sollicité pour les opérations de recherches. Les 11 équipes de maîtres-chiens/chiens réparties sur l'ensemble du territoire réalisent plus de 1.000 missions chaque année.

À chaque fois l'idée est la même: présenter au chien l'odeur de la personne disparue - pour un enfant, cela peut être son doudou, un pyjama, ses vêtements et amener l'animal à l'endroit exact où la personne disparue a été vue pour la dernière fois. "Si ce n'est pas l'endroit exact, le chien peut refuser de partir", prévient le major Mourier.

Récemment, des Saint-Hubert avaient été engagés sur l'opération de recherche du fugitif d'Argentan retrouvé à Angers. Les chiens avaient pu suivre sa trace sur 1,8 kilomètre jusqu'à un lotissement. Au Vernet, l'équipe composée d'un Saint-Hubert est arrivée très rapidement.

Ses capacités doivent permettre de tenter de surmonter à deux difficultés: les nombreux passages déjà effectués par l'ensemble des personnes qui participent activement depuis samedi aux recherches du petit Émile et la chaleur qui frappe le département depuis plusieurs jours.

Capacité à faire le tri

"Le Saint-Hubert arrive à pister sur un délai plus long mais il arrive aussi à travailler sur une zone brouillée", précise le référent auprès de la gendarmerie. Concrètement, cette race de chien réussit davantage à faire le tri entre l'odeur de la personne recherchée et celle des autres personnes qui sont passées dans la zone. "Si on lui présente une odeur de référence, il va être en capacité de remonter l'odeur la plus ancienne à la plus proche", poursuit le gendarme.

Formé pendant près de deux ans dès leurs premiers mois de vie, le Saint-Hubert peut faire le tri entre les odeurs parasites. Il n'en reste pas moins un animal, qui peut suivre ses instincts et notamment celui de la chasse. "Le maître sait analyser l'attitude du chien, il sait quand il chasse", assure le référent de la gendarmerie également commandant de la brigade d'investigation cynophile du Gard.

Travail en binôme avec le maître

Ce travail de recherches se fait en binôme avec son maître. "Une odeur est volatile, le vent peut la déplacer. Il y a certains endroits où il n'est pas possible d'accéder. Le chien travaille par fermeture de zone, il se laisse embarquer sur une route, va se relever d'un coup, puis revenir pour rechercher une direction, détaille le Major Mourier. Le maître doit le suivre de manière intelligente."

Les capacités olfactives du Saint-Hubert sont également un avantage en cette période de canicule. La chaleur atténue les odeurs. Par ailleurs, ses capacités physiques font de lui une race plus endurante et lui permettent de mieux gérer l'effort. "Il peut faire trois à quatre kilomètres, mais il faut savoir que pour parcourir un kilomètre, il leur faut environ 1h-1h30, détaille le major Mourier. Il y a également la possibilité de faire se relayer deux chiens."

"Dans le meilleur des cas, les Saint-Hubert retrouvent la personne, sinon ils vont nous donner une zone", estime le gendarme.

Un chien peut perdre une piste, soit si la personne disparue est montée dans un véhicule, soit si elle a fait des allers-retours, soit, et parce que, malgré son grand soutien, ce moyen de recherches reste faillible, l'équipe a raté un changement de direction.

Article original publié sur BFMTV.com