Saint-Étienne : il vit plusieurs semaines avec un cadavre et utilise sa carte bleue

Un SDF condamné à de la prison ferme pour avoir laissé mourir l'homme qui l'hébergeait - Getty Images/Cavan Images RF

Un homme sans domicile fixe a été condamné à 30 mois de prison ferme pour non-assistance à personne en danger. Il a vécu plusieurs semaines avec le corps de l’homme qui l’hébergeait et continuait à se servir de sa carte bancaire.

De l’entraide à la non-assistance à personne en danger, il n’y a parfois qu’un pas. Ce lundi 12 juin, un homme sans domicile fixe appelé Mounir Medj Madj a été condamné à 30 mois de prison ferme pour ne pas avoir aidé Johannes, l’homme qui l'hébergeait, alors qu’il gisait au sol à la fin du mois d’août, rapporte le journal Le Progrès. Le corps de l’hébergeur a été retrouvé plusieurs semaines après sa mort dans son appartement de Saint-Étienne, dans le département de la Loire.

L’affaire commence le 28 septembre 2022. Ce jour-là, les habitants de la rue des Docteurs-Muller, dans le quartier du Soleil, ne supportent plus l’odeur qui se dégage d’un logement. Les mouches qui tournent autour les inquiètent. Ils appellent donc les secours qui, lorsqu’ils frappent à la porte, découvrent le cadavre de Johannes, 76 ans. Il s’agit de l’occupant des lieux, isolé socialement et sous curatelle. Mounir Medj Madj se trouve également dans l’appartement. Après s’être présenté comme le neveu du mort, il prend la fuite.

Deux misères, deux solitudes

Finalement arrêté et placé en détention, cet homme de 48 ans raconte aux policiers qu’il a rencontré la victime quelques années plus tôt sur un banc et qu’il lui a proposé de joindre leurs deux solitudes. Il vivra chez le septuagénaire contre une aide à domicile. Sauf que les choses finissent par se gâter. En plus d’être tous les deux victimes d’alcoolisme, les deux colocataires ont des désaccords. Johannes, pourtant très malade, refuse de se faire soigner ou d’aller en maison de retraite. Une obstination qui énerve Mounir. Au point que, lorsqu’il le voit gisant au sol et peinant à respirer, il n’intervient pas, au prétexte qu’il "n’avait qu’à se soigner tout seul".

Souffrant possiblement d’une maladie mentale mais ayant refusé l’expertise demandée par son propre avocat, Mounir vit donc avec le cadavre jusqu’à l’intervention des secours le 28 septembre. La date du décès de Johannes est pourtant estimée entre le 22 août et le 4 septembre. Pire encore, il a continué à utiliser la carte bancaire du défunt. Malgré l’évidente misère sociale dans laquelle il est plongé, il a été condamné par contumace à 30 mois de prison ferme avec maintien en détention.

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