A Saint-Denis, vague d'inquiétude autour de l'emménagement du "violeur des parkings" dans la ville

Patrick Trémeau, auteur de 18 viols dans les années 1980 à 2000 a été libéré en juin dernier. Avec l'aide d'une association, il s'est installé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette arrivée suscite une vague d'inquiétude au sein de la population face à une possible récidive.

"Quand on relâche dans la nature un homme comme Patrick Trémeau (...), il y a non-assistance à société en danger." Cette inquiétude, c'est celle de Philippe Bilgier, avocat général lors de la dernière condamnation du "violeur des parkings" à 20 ans de prison, en 2009. Le violeur multi-récidiviste a depuis été discrètement libéré en juin et s'est installé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au grand dam du maire qui a demandé au ministre de la Justice de trouver "une solution alternative".

18 viols et tentatives

Il faut dire que le casier judiciaire de cet ancien plombier, maintenant âgé de 57 ans, a de quoi inquiéter. Patrick Trémeau est une première fois condamné en 1987 à sept ans de prison pour viol sous menace d'une arme commis dans le Val-de-Marne. L'homme est libéré et s'en prend à de nouvelles victimes dans des parkings, cette fois à Paris. En 1998, il est condamné à 16 ans de prison pour 11 viols et deux tentatives.

Remis en liberté en 2005, il commet de nouveau trois viols dans des garages sous-terrain entre juin et septembre, avant d'être interpellé. En 2009, il est condamné à 20 ans de prison, assortie d'une peine de sûreté de 10 ans, accompagné d'un suivi socio-judiciaire avec obligation de soins durant 8 ans.

Comme le prévoit la loi, Patrick Trémeau bénéficie de réductions de peines automatiques et est libéré de la prison de Melun (Seine-et-Marne) à la fin du printemps. L'homme est toutefois sous étroite surveillance, avec un bracelet électronique géolocalisé en temps réel, des horaires de sorties à respecter et des obligations de soins et de travail. Tous cette surveillance est encadrée par le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP). D'après Le Parisien, l'homme est par ailleurs surveillé par la police locale, qui a été informée de sa sortie.

"Qui nous dit qu'il n'y aura pas de récidive?"

L’association Arapej (Association réflexion action prison et justice) a loué un appartement à Patrick Trémeau à Coulommiers (Seine-et-Marne), afin d'accompagner sa réinsertion, sachant que les risques de récidive sont les plus élevés juste après la sortie, dans les situations d'instabilité. Mais des riverains et le maire Laurence Picard (Agir) se sont opposés à l'installation de celui qui est décrit comme un "prédateur".

En solution de repli, l'homme s'est vu proposer un logement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) mi-juillet. Mais là encore, il doit faire face à une ferme opposition des habitants:

"Même s'il a fait sa peine, qui nous dit qu'il n'y aura pas de récidive, s'interroge une Dionysienne auprès de BFMTV. Ça me fait peur et puis il n'y a pas de raison qu'à Saint-Denis, on récupère des gens comme ça."

Une crainte partagée par le maire (PS) Mathieu Hanotin, qui a envoyé un courrier à Éric Dupond-Moretti afin de lui faire part de "l'émotion" des habitants:

"On a pris Saint-Denis pour une poubelle"

Ce dernier souligne par ailleurs que sa commune est proche de la ville de Paris, où Patrick Trémeau a interdiction de paraître. "On a pris la ville de Saint-Denis pour une poubelle", s'indigne-t-il sur note plateau. De son côté, la Chancellerie a fait savoir à BFMTV qu'elle avait bien reçu la lettre de Mathieu Hanotin, et qu'elle y répondra "comme elle répond à tous les courriers".

Contacté par Le Parisien, l'ancien avocat de Patrick Trémeau s'indigne contre ces édiles qui n'hésitent pas à aller contre des décisions de justice:

"Cette décision, elle a été rendue après de longs mois et cet homme a le droit de se réinsérer. Ou bien la loi doit-elle prévoir une peine perpétuelle automatique et définitive?", remarque Me Henri Leclerc.

Article original publié sur BFMTV.com

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