Sahab Koanda, l’artiste burkinabè “roi des poubelles”

Dans son quartier de Larlé, à Ouagadougou, on le surnomme le “roi des poubelles”. Sahab Koanda, artiste autodidacte, crée de singuliers personnages et objets à partir de matériaux de récupération. “Tuyau, pédale, cylindre, réservoir, capot d’engins, pare-brise, des casseroles, des pots d’échappement…”, égrène Studio Yafa.

Le site d’info dédié aux jeunes Burkinabè s’est rendu dans la “forêt sacrée” de Sahab Koanda, dont il publie également des photos. Une cour qui accueille de drôles de créatures et statues grandeur nature “dans un calme de cimetière”, avec çà et là des outils pour frapper les métaux, forger, assembler. Ici, pas de bois. Toucher à un arbre est proscrit. L’artiste entend “soigner l’environnement”.

De petite corpulence, Sahab Koanda est un adulte dans un corps d’adolescent”, décrit Studio Yafa. La cinquantaine, dreadlocks relevées sous un béret rouge, plutôt taiseux, l’artiste a connu une trajectoire atypique.

Mendiant, berger, acteur puis sculpteur

“C’est la rue qui a été l’école des Beaux-Arts de Sahab Koanda. Dans un français approximatif, il raconte lui-même n’être pas allé à l’école et n’avoir pas appris son métier dans une école ou dans un atelier. Et rien ne semblait le prédestiner à l’art, lui qui a fait l’école coranique et a dû comme ses camarades faire la mendicité dans les rues. Aîné d’une fratrie de cinq personnes, il a aussi été berger, avant de s’adonner à de petits métiers”, narre Studio Yafa.

Mû par un évident penchant artistique, il se tourne d’abord vers les planches, et intègre diverses compagnies théâtrales à Ouagadougou. Sauf qu’il est vite pénalisé par son faible niveau en français : “Il n’était pas en mesure de lire les textes et les apprendre par cœur.” Il s’essaie alors à la danse. “Je me suis dit qu’à 50 ou 60 ans, il ne me sera plus possible de continuer à danser”, confie-t-il à Studio Yafa. C’est ainsi que germe son activité.

“On me considérait comme un fou”

Quelques œuvres commencent à s’accumuler chez lui, sans trouver preneur. “Ma famille m’a abandonné à cause de ce travail. On me considérait comme un fou”, relate-t-il. Elle se ravisera par la suite. Le déclic a lieu lors de l’édition du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco) de 2000. Le directeur consent à exposer ses créatures durant l’événement.

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