« Sacrilège ! », l’exposition qui interroge le retour du fait religieux

La Mort de Socrate (1762), de Jacques-Philippe-Joseph de Saint-Quentin. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts.  - Credit:image Beaux-arts de Paris / RMN- / Agence photo de la RMN-GP
La Mort de Socrate (1762), de Jacques-Philippe-Joseph de Saint-Quentin. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts. - Credit:image Beaux-arts de Paris / RMN- / Agence photo de la RMN-GP

Le 12 août 1268, le pape Clément IV adresse à Louis IX une bulle l'incitant à tempérer ses ardeurs punitives. Alors que le futur Saint-Louis faisait brûler au fer rouge les lèvres des blasphémateurs, Rome appelle le roi à plus de modération ; une forte amende ou une mise au pilori, quelques coups de fouet, tout au plus, y suffiront. En matière de répression du sacrilège, le pouvoir temporel se montre plus féroce que l'autorité religieuse… Bel exercice, en tout cas, d'instrumentalisation du sacré par le détenteur du pouvoir monarchique.

Mieux que tout autre roi, Louis IX incarne, à la fin du Moyen Âge, le glissement de l'offense faite à Dieu vers la « lèse-majesté » royale, au point que les deux crimes finiront par se confondre. Sa canonisation, vingt-sept ans après sa mort en 1297, contribuera à raffermir un peu plus encore l'autorité de la dynastie française. Philippe le Bel, qui règne alors, n'est plus seulement roi de France mais petit-fils d'un… saint, dont il s'approprie l'auréole.

Les rois de France ont remporté la bataille du sacré. La contestation du pouvoir du monarque devient tout aussi sacrilège que l'iconoclasme et la profanation d'hostie. Offenser Dieu, c'est blesser la grandeur du roi. Et inversement. La religion n'est plus seulement catholique, elle est aussi « royale ».

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