"Sacrées Sorcières": Warner Bros. présente ses excuses après des critiques de spectateurs handicapés
Certains spectateurs n'ont pas apprécié Sacrées Sorcières, le film fantastique pour enfants de Robert Zemeckis. Depuis sa sortie, le 22 octobre sur la plateforme américaine HBO Max, des personnes handicapées se sont mobilisées sur les réseaux sociaux pour condamner la représentation des mains de la sorcière-en-chef, interprétée par Anne Hathaway. Celles-ci ne comportent que deux doigts et un pouce.
Selon les détracteurs, elles ressemblent aux mains des personnes atteintes d'ectrodactylie, une maladie génétique. Et, de fait, pourraient contribuer à la stigmatisation des personnes atteintes de handicaps. Si bien que la société de production Warner Bros. vient de présenter des excuses.
"(Nous avons été) profondément attristés d'apprendre que notre représentation des personnages fictifs de Sacrées Sorcières pouvaient heurter les personnes atteintes de handicaps", déclare un représentant du studio dans les colonnes de Variety.
Adaptation d'un roman culte
Sacrées Sorcières est une adaptation du roman du même nom de Roald Dahl, publié en 1983. Il raconte comment un enfant et sa grand-mère tentent de contrecarrer le projet d'une congrégation de sorcières qui cherche à transformer les enfants en souris.
"En adaptant l'histoire originale, nous avons travaillé avec des designers et des artistes pour trouver une nouvelle interprétation des griffes semblables à celles d'un chat qui sont décrites dans le livre", poursuit le porte-parole. "Nous n'avons jamais eu pour intention que les spectateurs aient le sentiment que les créatures fantastiques et non-humaines les représentent."
Une campagne lancée par des athlètes
Comme le rapporte la publication américaine, les premières critiques sont venues de la nageuse britannique Amy Marren, championne paralympique, sur son compte Instagram officiel:
"Ma crainte, c'est que des enfants voient ce film, sans savoir qu'il exagère énormément (les représentations) originales de Roald Dahl et que les (personnes dont les) membres sont différents commencent à inspirer la peur", a-t-elle écrit dimanche. "Cela ouvre la porte à de nouvelles conversations compliquées avec les personnes dont les membres sont différents et nous retarde dans ce que nous tentons d'accomplir: la célébration de qui nous sommes!" Elle a joint à son message un dessin d'un sorcière qui apparaît dans le roman de Roald Dahl; ses mains, bien que griffues, comportent bien cinq doigts.
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
Claire Cashmore, une autre championne paralympique, a publié un message similaire sur Instagram: "'Ton bras fait trop peur', 'Ton bras me dégoûte'. Ce ne sont que quelques-uns des commentaires que j'ai reçus en grandissant", a-t-elle écrit. "Voir cette image de Sacrées Sorcières m'a rendue confuse et énervée (...) Nous voulons que les handicaps soient normalisés et représentés de manière positive, au lieu d'être associés à une sorcière terrifiante et malfaisante."
Un hashtag repris
La polémique avait pris de l'ampleur lundi lorsque le compte Twitter officiel des Jeux paralympiques a repartagé le message d'Amy Marren, ajoutant: "Les membres différents n'ont rien de terrifiant. Les différences devraient être célébrées, et les handicaps doivent être normalisés." Ils ont également lancé le hashtag #NotAWitch ("Je ne suis pas une sorcière") afin de "dénoncer" le film, comme ils l'expliquent dans un communiqué. De nombreux anonymes atteints de ce handicap ont repris la formule sur les réseaux sociaux, comme le relaye l'association Lucky Fin Project.
Sacrées sorcières est la deuxième adaptation cinématographique du roman, après le film Les sorcières du britannique Nicolas Roeg, sorti en 1990. Anne Hathaway donne la réplique à Octavia Spencer dans cette nouvelle version. En France, il devait sortir au cinéma le 18 novembre, avant d'être annulé à cause du reconfinement. Aucune date n'a pour l'instant été communiquée.