Saccage des lieux de pouvoir au Brésil: ces symboles de la démocratie pris pour cible par les pro-Bolsonaro

Insurrection au Brésil, le 8 janvier 2023 - Ton MOLINA / AFP
Insurrection au Brésil, le 8 janvier 2023 - Ton MOLINA / AFP

Pendant quatre heures, la démocratie brésilienne a été mise à l'épreuve en son coeur. Plusieurs milliers de bolsonaristes, des partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, ont envahi les bâtiments de pouvoir à Brasilia.

Sur la place des Trois Pouvoirs, trois édifices ont été pris pour cible: le palais présidentiel (le Planalto), le Congrès et la Cour suprême. Autant de symboles incarnant les des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires.

De l'assaut, à l'issue duquel plus de 300 personnes ont été arrêtées, plusieurs images fortes sont ressorties, comme les symboles de l'attaque de la démocratie brésilienne. Le parquet général a demandé l'ouverture immédiate d'investigations pour établir "la responsabilité des personnes impliquées" dans l'attaque.

• Une copie de la Constitution volée

L'une des plus partagées, et les plus significatives, est une vidéo, qui circule sur les réseaux sociaux. Monté sur une statue, un des émeutiers brandit un livre à la couverture noire devant la foule: un exemplaire de la Constitution brésilienne de 1988.

Un temps présenté par la presse brésilienne comme un exemplaire original, il s'avère que c'est une copie. Selon la Cour suprême, le livre volé par l'émeutier est une réplique. L'original reste en sécurité dans le musée du tribunal, intacte.

• La porte du bureau d'un juge de la Cour suprême décrochée

Portée fièrement par la foule en jaune et vert, une porte décrochée du bureau du juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, reste l'une des images de cet assaut. Véritable bête noire pour Jair Bolsonaro, comme l'expliquait Le Monde en 2021, l'ex-ministre de la Justice de Michel Temer, est rapporteur des principales enquêtes visant l'ancien chef d'État brésilien.

Ce qui en fait une cible de choix pour les bolsonaristes. Le juge est régulièrement visé dans les rassemblements des partisans de Jair Bolsonaro.

Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a demandé aux réseaux sociaux Facebook, Twitter et TikTok de bloquer les comptes d'utilisateurs répandant une propagande antidémocratique.

Le groupe Meta Platforms, propriétaire de Facebook, a annoncé ce lundi avoir supprimé de ses réseaux sociaux du contenu soutenant ou faisant l'apologie des événements au Brésil. "Nous suivons activement la situation et nous continuerons à supprimer les contenus qui violent nos politiques", a précisé le porte-parole. Les représentants de TikTok, YouTube, Telegram et Elon Musk, qui a racheté Twitter l'année dernière, n'ont pas répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.

• Les armes du palais présidentiel volées

C'est une autre image, un autre symbole, probablement le plus inquiétant. Lors de leur passage au Planalto, les émeutiers ont dérobé des armes dans l'un des bureaux de la sécurité.

C'est ce qu'ont annoncé, dans une vidéo, le ministre du Secrétariat de la communication sociale, Paulo Pimenta, et le député Wadih Damous. "Il y a un détail qui attire l'attention: les autres étages ont été saccagés mais ils savaient que les armes étaient gardées ici", a assuré le député, expliquant que les émeutiers avaient également emporté des "munitions" et des "documents".

Un syndicat de presse a, lui, fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'Agence France-Presse (AFP) a été frappé et s'est fait voler tout son matériel.

Article original publié sur BFMTV.com