Sœurs d'armes (France 2) - Caroline Fourest : "J’ai pris ma caméra à la place d’un fusil"

On vous connaissait journaliste et essayiste, et, en 2019, vous vous êtes réinventée en cinéaste. Comment est né le film ?

Caroline Fourest : J’ai réalisé un rêve d’enfant. Il y a une vingtaine d’années, j’avais tourné un court-métrage. Et puis j’ai été absorbée par mes livres, par certains combats pour l’égalité, comme le Pacs, le mariage pour tous, la lutte contre l’extrême droite. J’y suis revenue, passé 40 ans : après les attentats de 2015 et la mort de mes amis de Charlie Hebdo (elle y a travaillé, ndlr), il n’était plus possible pour moi de différer cette envie. J’avais écrit plusieurs scénarios, dont celui de Soeurs d’armes.

Pourquoi le cinéma vous est-il apparu comme un meilleur médium que la plume pour témoigner de l’horreur vécue par les femmes yézidies et du courage des combattantes ?

Selon moi, il n’y avait que le cinéma pour rendre justice à cette histoire et transmettre cette mémoire. Avec mes écrits et à la télévision, je peux parler à l’intelligence des gens, mais le cinéma s’adresse, en plus, à nos émotions. À mon sens, les fictions sont le dernier endroit où l’on peut encore être émus ensemble. Où l’on peut partager des représentations alors que tous les autres endroits du débat public sont de plus en plus polarisés et nous séparent. De surcroît, le cinéma était la meilleure manière de m’adresser à des gens que je n’atteins pas habituellement.

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C’est pourquoi vous signez un film d’action spectaculaire. Rien à voir avec un essai intello !

Je souhaitais offrir un film très grand public, qui s’adresse à la jeunesse et pas seulement en France. J’avais envie qu’elle se reconnaisse dans le personnage de Camélia Jordana, Kenza, qui part combattre aux côtés des Kurdes. Certains m’ont reproché le côté odyssée héroïque. Mais ma plus belle récompense est de recevoir encore des messages de jeunes de Turquie, d’Iran ou de Syrie, qui me disent à quel point ils ont été bouleversés. Comme mon pressentiment s’est réalisé – le monde s’est empressé d’oublier les Kurdes, qui se sont ...

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