Le Sénégal est “à l’aube d’une nouvelle alternance politique et pacifique”

En attendant de savoir s’il y aura effectivement un second tour et qui sera éventuellement le faiseur de roi, on peut féliciter tous les acteurs politiques qui ont écumé, deux semaines durant, les villes et villages pour appeler les Sénégalais à sortir massivement pour voter dans le calme, bien que cette élection soit, sans conteste, la plus ouverte ou, si vous préférez, la plus serrée jamais organisée au pays de la Teranga.

Même les deux absents les plus présents dans cette élection que sont Karim Wade et Ousmane Sonko, [dont les candidatures ont été rejetées par le Conseil constitutionnel], connus pour leurs déclarations tonitruantes et à l’emporte-pièce, ont fait preuve de pondération devant les micros et face aux impressionnantes foules qui ont pris d’assaut les bureaux de vote au cours de la journée dominicale et électorale du 24 mars 2024.

Des digues solides

Mais si le Sénégal a encore une fois confirmé tout le bien qu’on pense de lui en matière d’élections démocratiques, c’est surtout grâce à ses deux principales digues institutionnelles que sont le Conseil constitutionnel et l’Armée, qui n’ont pas cédé et qui ont pleinement joué leur rôle de remparts de la République contre les caprices des hommes politiques qui ont entretenu un climat de peur et d’agitation pendant plusieurs semaines avant le scrutin.

‘’Jèrè-jèf’’ (merci en wolof) donc à tous les acteurs qui doivent continuer sur ce chemin de l’accalmie et du jeu démocratique, afin de transformer l’essai et de parachever ce chef-d’œuvre démocratique de la plus belle des manières, en évitant une crise post-électorale qui compliquerait davantage la tâche au futur président, qui a déjà des défis urgents et énormes à relever, notamment la pauvreté persistante des Sénégalais et le chômage chiffré officiellement à 20 % alors que la moitié de la population a moins de 20 ans.

Avec ses institutions qui n’interfèrent que très peu ou pas du tout dans le jeu politique, conjugué à la maturité dont a fait preuve le peuple sénégalais pendant ces dernières semaines d’incertitudes, on peut dire que le Sénégal est à l’aube d’une nouvelle alternance politique et pacifique qui viendra clore en beauté l’ère Macky Sall, du nom du président sortant qui entrera dans l’histoire comme étant le premier depuis l’indépendance en 1960, à organiser une présidentielle sans y participer. [Le président sortant avait toutefois tenté de repousser le scrutin de dix mois pour prolonger son mandat, provoquant une crise politique dans le pays, avant que le Conseil constitutionnel ne l’en empêche.]

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