Séismes en Turquie et en Syrie : 3 mois après, les régions touchées luttent contre les difficultés

Au Nord de la Syrie, les stigmates du tremblement de terre sont toujours visibles. Des centaines de ruines et de bâtiments abandonnés, hantés par les milliers de personnes diparues au matin du 6 février dernier. Une situation désespérée pour les rescapés, menacés depuis des années par la guerre civile et le régime de Bachar el-Assad.

"C'est une zone qui est en conflit depuis plus d'une décennie maintenant. Et je pense que ce qu'il faut vraiment retenir, c'est qu'il est presque impossible de séparer les besoins qui existaient dans le nord-ouest de la Syrie avant le tremblement de terre de ceux qui existaient vraiment après le tremblement de terre. Même avant le tremblement de terre, au moins 4,1 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, soit environ 90 % de la population, dépendaient de l'aide humanitaire pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires. (...) Vous savez, c'est aussi une région qui compte une énorme population de personnes déplacées, dont beaucoup vivent avec les cicatrices physiques et mentales très réelles de plus d'une décennie de conflit et qui ont déjà été déplacées plusieurs fois avant même ce tremblement de terre" explique Jennifer Higgins, responsable communication d'International Rescue Commitee.

De l'autre de la frontière, en Turquie, plus de 100 000 bâtiments se sont effondrés. La faute selon beaucoup, à des autorités laxistes et corrompues qui ont laissé les constructeurs contourner les réglementations.

Selon un rapport de l'ONU, environ 3 millions de Turcs ont été déplacés... mais 20 % de ceux qui ont déménagé tentent déjà de retourner chez eux.

Regina De Dominicis, représentante de l'UNICEF en Turquie, commente : "nous voyons beaucoup de déplacements dans le nord du pays autour d'Izmir, d'Ankara, d'Istanbul Konya. Et nous pouvons suivre cela en tant qu'UNICEF de manière très précise, notamment parce que nous suivons la scolarisation des enfants. Et certainement il y a un j'espère que de nouveaux emplois pourront être créés également pendant le processus de reconstruction."

Une catastrophe qui va avoir un impact conséquent sur les élections générales qui verront s'opposer président Recep Tayyip Erdoğan et le candidat de l'opposition Kemal Kılıçdaroğlu le 14 mai prochain, selon les experts.

Ironie du sort, le président sortant est au pouvoir il y a vingt ans grâce à la mauvaise gestion d'un autre séisme dévastateur qui a fait des dizaines de milliers de morts en 1999.

Selon les premières estimations, la reconstruction de la région devrait coûter 90 milliards d'euros...