Le séisme en Turquie et en Syrie a fait près de 40 000 morts, appel à l’aide humanitaire

Cette vue aérienne dévoile des bâtiments effondrés lors des opérations de sauvetage en cours à Kahramanmaras, dans le soit huit jours après qu’une magnitude de 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie, avec de nombreuses conséquences également en Syrie.
BULENT KILIC / AFP Cette vue aérienne dévoile des bâtiments effondrés lors des opérations de sauvetage en cours à Kahramanmaras, dans le soit huit jours après qu’une magnitude de 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie, avec de nombreuses conséquences également en Syrie.

INTERNATIONAL - Afin de faire face aux « besoins immenses » des millions de personnes privées d’abris, de nourriture et de soins après le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie, les Nations unies ont lancé un vaste appel aux dons, alors que le nouveau bilan frôle désormais les 40 000 morts ce mercredi 15 février.

C’est Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a exhorté tous les États membres à fournir « sans délai » près de 400 millions de dollars pour garantir « une aide humanitaire dont près de cinq millions de Syriens ont désespérément besoin », à commencer par « des abris, des soins médicaux, de la nourriture » pour trois mois. Toutefois, le patron des Nations unies a précisé qu’il devrait bientôt y avoir un appel similaire en faveur de la Turquie.

« Les besoins sont immenses » et « nous savons tous que l’aide qui sauve des vies n’entre pas à la vitesse et à l’échelle nécessaires », a d’ailleurs insisté le secrétaire général de nationalité portugaise. « Une semaine après les séismes dévastateurs, des millions de personnes à travers la région luttent pour survivre, sans abri et confrontés à des températures glaciales », a-t-il ajouté, neuf jours après le séisme.

Cependant, pour la première fois depuis 2020, un convoi transportant de l’aide s’est dirigé vers les zones rebelles du nord de la Syrie mardi, par le poste-frontière de Bab al-Salama avec la Turquie. Il était constitué de 11 camions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) chargés, entre autres, de tentes, de matelas, de couvertures et de tapis.

Ce poste-frontière qui relie le territoire turc au nord de la province d’Alep est contrôlé par des factions syriennes fidèles à Ankara. Il avait été fermé à l’aide humanitaire de l’ONU sous la pression de la Russie, alliée du régime de Damas. Mais face à l’ampleur des dégâts, la Syrie avait déjà annoncé l’ouverture, pour une durée initiale de trois mois, de deux autres points de passage avec la Turquie afin d’accélérer l’arrivée de l’aide humanitaire.

Des sauvetages quotidiens, malgré le bilan

Mardi soir, le dernier bilan du séisme s’élevait à 39 106 morts, soit 35 418 officiellement décomptés dans le sud de la Turquie, tandis que les autorités syriennes en ont dénombré 3 688 dans leur pays. Mais dimanche, l’ONU avait dit s’attendre à ce que ces chiffres augmentent encore considérablement.

« Nous sommes les témoins de la pire catastrophe naturelle dans la région de l’OMS Europe en un siècle et nous sommes toujours en train d’en mesurer l’ampleur », a constaté un responsable de l’Organisation mondiale de la santé.

Rare motif de consolation pour les sauveteurs, quatre personnes ont encore pu être extraites vivantes des décombres mardi en Turquie. Comme ce couple de Syriens à Antakya, l’Antioche de l’Antiquité, l’une des villes turques ayant le plus souffert du tremblement de terre, qui s’est exclamé « Allahu akbar ! » (« Allah est le plus grand » !) une fois sauvé, environ 210 heures après le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 6 février, a témoigné un photographe de l’AFP.

Des secouristes soulèvent une civière transportant Seher, une Syrienne de 15 ans qui a été secourue après avoir été coincée sous les décombres pendant plus de 210 heures, à Hatay, dans le sud-est de la Turquie.
YASIN AKGUL / AFP Des secouristes soulèvent une civière transportant Seher, une Syrienne de 15 ans qui a été secourue après avoir été coincée sous les décombres pendant plus de 210 heures, à Hatay, dans le sud-est de la Turquie.

Un peu plus tôt, deux jeunes frères avaient également pu sortir à l’air libre après avoir passé 198 heures coincés sous les gravats. Âgés respectivement de 17 et de 21 ans, ils ont dit avoir survécu en consommant de la poudre protéinée. « J’étais calme. Je savais que je serais sauvé. J’ai prié. Il était possible de respirer sous les ruines », a raconté l’un d’eux, cité par la chaîne de télévision NTV.

Vers la fin des recherches

Mais, malgré ces véritables petits miracles, les chances de retrouver encore des survivants dans les bâtiments effondrés deviennent désormais quasiment nulles.

« Les équipes qui sont venues fouiller ici ont clairement expliqué qu’elles recherchaient des vivants. Elles ont travaillé pendant deux jours sans en trouver aucun », se désolait pour sa part à Antakya un soldat bientôt quinquagénaire, Cengiz, dont cinq proches sont toujours enfouis dans les décombres.

« Nous comprenons qu’on privilégie les personnes en vie, mais nous avons le droit de réclamer les dépouilles de nos proches », renchérissait, résigné, Husein, qui espérait retrouver la femme de son frère et leurs quatre enfants.

Dans ces circonstances, la priorité est désormais de s’occuper des centaines de milliers, voire des millions, de personnes dont les logements ont été détruits par la secousse tellurique. « Nous avons répondu aux besoins d’hébergement d’1,6 million de personnes. Près de 2,2 millions ont été évacuées ou ont quitté les provinces (touchées) de leur plein gré », a affirmé dans ce sens mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan après une réunion du gouvernement.

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