Sécheresse : après un mois sans pluie, les nappes phréatiques à un tournant crucial de l’année

Des bateaux sur le lac partiellement asséché de Montbel, en Ariège, le 21 février 2023.
VALENTINE CHAPUIS / AFP Des bateaux sur le lac partiellement asséché de Montbel, en Ariège, le 21 février 2023.

MÉTÉO - « La pluie n’est pas tombée en France depuis le 21 janvier, soit une série de 31 jours consécutifs, du jamais vu durant un hiver météorologique », a annoncé Météo-France ce mardi 21 février.

Cet épisode a d’ores et déjà éclipsé le record précédent pour des mois d’hiver (22 jours en 1989), pendant cette période cruciale pour la recharge des nappes phréatiques. Une sécheresse actuelle qui compromet le rétablissement de ces dernières, épuisées par le manque historique de pluie l’an dernier.

« La situation n’est actuellement pas alarmante mais préoccupante - surtout dans le Sud de la France -, au niveau des retenues d’eau et du soutien d’étiage, à cause du remplissage hivernal », avertit David Labat, professeur d’hydrogéologie à l’Université Toulouse III, contacté par Le HuffPost, pour qui « le scénario actuel est assez frappant avec celui des années 1989, 1990 et 1991, qui avaient été fortement déficitaires en pluie ».

« Fin novembre, il y avait un déficit de pluie de 200 à 300 millimètres d’eau en très grosse moyenne dans le pays », résume-t-il, une situation bien différente du mois de février 2022 après « un été et un automne 2021 assez pluvieux qui avaient assuré un remplissage correct » des nappes phréatiques.

Concrètement, les signaux sont actuellement au « orange foncé » quand ils étaient au « vert » l’année dernière à la même époque, image-t-il.

« S’il n’y a pas de pluie d’ici la mi-avril, et au moins 150 millimètres d’eau, il faudra alors vraiment s’alarmer sur les conflits d’usage d’eau et la question à se poser sera : ’comment va-t-on les gérer ?’ Entre l’alimentation en eau potable, le tourisme, l’agriculture, l’industrie, les centrales nucléaires… », prévient David Labat.

« Des circulations atmosphériques particulières »

Le professeur en hydrogéologie rappelle par ailleurs qu’« il ne faut pas associer cette sécheresse hivernale actuelle aux canicules de l’année dernière ». « Elle est vraiment liée à des circulations atmosphériques particulières », explique-t-il au HuffPost.

Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dans un dernier point sur son site datant du 13 janvier, « la recharge des nappes phréatiques reste peu intense ». « Plus des trois-quarts des nappes demeurent sous les normales mensuelles » et « les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de décembre 2021 », ajoutait l’organisme il y a cinq semaines.

Celui-ci tient à préciser au HuffPost qu’il ne publie pas de bulletin général sur le niveau des nappes phréatiques en février, une « période de recharge ». « Les prélèvements sont beaucoup moins importants qu’au printemps-été », explique le BRGM, qui donne rendez-vous à la mi-mars pour un nouveau bulletin national.

Pour les mois à venir, et notamment l’été qui se profile, la situation n’est pas reluisante, quand on sait que l’absence record de pluie au printemps 2020 avait été suivie par l’été le plus sec jamais enregistré au niveau des sols. À l’exception de l’année 2021, l’indicateur de sécheresse des sols a d’ailleurs atteint chaque été un nouveau record depuis 2018.

Signe de l’inquiétude, le gouvernement a convoqué ce jeudi 23 février son « premier comité d’anticipation et de suivi hydrologique de l’année », en vue notamment d’anticiper la gestion des différents conflits d’usage d’eau à venir.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi