Six mois de prison avec sursis et inéligibilité d'un an pour le sénateur Reconquête! Stéphane Ravier

Le sénateur Reconquête! Stéphane Ravier lors d'un meeting de son parti en amont des européennes, à Palavas-les-Flots, le 6 avril 2024 (Pascal GUYOT)
Le sénateur Reconquête! Stéphane Ravier lors d'un meeting de son parti en amont des européennes, à Palavas-les-Flots, le 6 avril 2024 (Pascal GUYOT)

Unique parlementaire du parti d'extrême droite Reconquête!, le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier a été condamné mercredi à six mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité, pour avoir fait embaucher son fils lorsqu'il était maire de secteur à Marseille.

Les juges du tribunal correctionnel de Marseille n'ont toutefois pas prononcé l'exécution immédiate de cette peine et M. Ravier, ex-RN rallié au parti d'Eric Zemmour en février 2022, n'est donc pas démis de son mandat en cours.

Absent à ce délibéré, M. Ravier s'est exprimé via son avocat. "Même si la condamnation est très inférieure aux réquisitions du parquet, qui sollicitait une peine d'inéligibilité d'une durée de cinq ans, mon client entend fermement contester sa culpabilité et donc faire appel de cette décision", a déclaré Me Julien Pinelli.

Une inéligibilité de cinq ans aurait empêché M. Ravier d'être candidat aux municipales de 2026 à Marseille, un de ses objectifs affichés.

Le procureur avait également réclamé un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende contre le sénateur, poursuivi pour "prise illégale d'intérêts".

Stéphane Ravier avait été jugé en avril, en compagnie de son fils Thomas, embauché en 2015 au service espaces verts de la mairie du 7e secteur de Marseille, qui couvre les 13e et 14e arrondissements dans le nord de la ville. Elu maire de ce secteur lors des municipales 2014, sous l'étiquette Front national, devenu ensuite Rassemblement national, il avait cédé son fauteuil en 2017 à sa nièce, pour cause de cumul des mandats, après son élection au palais du Luxembourg.

Les contrats de Thomas Ravier étaient toutefois signés par la mairie centrale de Marseille et après dix contrats à durée déterminé (CDD), il avait été titularisé en janvier 2020, six mois avant les élections municipales qui ont fait basculer la mairie de Marseille à gauche, après quatre mandatures de Jean-Claude Gaudin (Les Républicains), décédé le 20 mai.

- "Rupture d'égalité entre citoyens" -

Le tribunal a souligné dans son jugement, consulté par l'AFP, que "les faits ont été commis sur plusieurs années (...), pour finalement voir son enfant titularisé". Mais "plus que l'avantage indu procuré à son fils, c'est par la rupture d'égalité entre les citoyens que Stéphane Ravier a causé le plus grand préjudice," insistent les magistrats.

"Alors qu'il a été choisi pour servir et représenter ses concitoyens, il a favorisé son fils et à travers lui son intérêt personnel au détriment de son mandat. (...) Il a par son comportement porté atteinte à la confiance que doivent nourrir les citoyens envers le système démocratique pour en assurer le bon fonctionnement et l'acceptation par tous", poursuivent-ils.

Thomas Ravier, au chômage avant ces contrats municipaux, a lui été condamné à 10.000 euros d'amende, dont 5.000 euros avec sursis, et un an d'inéligibilité. Le procureur avait requis contre lui huit mois de prison avec sursis, 10.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

A l'audience, Stéphane Ravier avait réfuté toutes les accusations, assurant que "les mairies de secteur n'ont pas le pouvoir d'embaucher qui que ce soit": "Je lui (à son fils) fais savoir qu'il y a des recrutements réguliers à la mairie de Marseille, ça s'arrête là, il n'y aura plus d'intervention de ma part".

Stéphane Ravier a multiplié les comparutions devant la justice ces derniers mois.

En février, il a été condamné à 3.000 euros d'amende à Marseille pour diffamation à l'encontre de l'ONG de secours en mer SOS Méditerranée, condamnation dont il a fait appel. Il a également été condamné en décembre à Lyon à une amende de 10.000 euros pour injure publique à l'encontre d'un avocat dans un message sur X commentant un verdict de la cour d'assises du Rhône.

Le 18 juin, la cour d'appel d'Aix-en-Provence devra elle se prononcer sur un dossier de diffamation à caractère racial dans lequel le parquet avait fait appel de la relaxe du sénateur, poursuivi également après un post sur le réseau social X.

so/ol/fan