Ryusuke Hamaguchi : « Le mystique a surgi de lui-même dans mon film »

Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Rei Nishikawa) vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo, où ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement.   - Credit:Diaphana Distribution
Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Rei Nishikawa) vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo, où ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. - Credit:Diaphana Distribution

Il y a trois ans, un quadragénaire inconnu du public international, Ryusuke Hamaguchi, déboulait sur la scène cinématographique mondiale avec son neuvième opus, Drive My Car, un petit prodige de mise en scène, une exploration subtile et profonde du deuil et du lien intime entre l'art et la vie.

Contre toute attente, ce film de près de trois heures – fait de longues conversations entre un acteur vieillissant, veuf depuis peu, et la jeune femme qui le conduit à ses répétitions d'Oncle Vania – remporte un vrai succès public, et se retrouve bardé de prix, dont un prix du scénario au Festival de Cannes et un oscar du meilleur film étranger.

De quoi donner des angoisses au cinéaste, désormais courtisé de toutes parts et soucieux de ne pas se répéter. « J'étais un peu inquiet, confie-t-il au Point dans les bureaux parisiens de son distributeur, Diaphana. Alors quand une idée s'est présentée à moi, de façon inattendue, je ne l'ai pas laissée passer. »

Magnifiquement mis en scène

Le résultat est un film énigmatique et fort dont le titre même interroge. Le mal n'existe pas s'ouvre sur une longue séquence en forêt. D'abord déserte, elle se révèle ensuite habitée par un homme solitaire, Takumi (Hitoshi Omika), et par sa fillette, Hana. La paix en apparence idyllique de cette vie au plus près de la nature est troublée par l'irruption de deux citadins, des agents artistiques embauchés par un entrepreneur pour expliquer aux habitants qu'un site de « glamping » – autrement di [...] Lire la suite