Rwanda : L’indifférence, un racisme qui ne dit pas son nom

Croquis d'audience datant du 10 mai 2016 du procès, à Paris, de Tito Barahira (g) et Octavien Ngenzi

Pour la seconde fois, une cour d’assises française a jugé des Rwandais accusés de génocide dans leur pays en 1994 (un million de morts entre avril et juillet). Les deux hommes ont été jugés coupables de crimes contre l’humanité et de génocide et viennent d’être condamnés le jeudi 7 juillet à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le procès de deux génocidaires rwandais vient de s’achever en France. Il a duré plus de 9 semaines. Le dossier représente 30 tomes de procédure. 90 témoins ont été entendus. Ce procès, tout aussi historique que le furent avant lui les procès Barbie, Touvier, Papon, s’est déroulé dans une indifférence quasi générale de l’opinion publique comme des médias, des intellectuels comme des politiques. A l’entrée du palais, ni cohue, ni file d’attente. Il faut se rendre à cette évidence : le génocide rwandais n’intéresse pas, en dehors des victimes et des associations qui militent pour que justice soit rendue.

Pourtant, entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, le Rwanda, pays de 7 millions d’habitants, est devenu un enfer sur terre : 1 million de morts en 100 jours. En moyenne, 10 000 hommes, femmes ou enfants sont tués chaque jour. Au début de l’été 1994, le Rwanda était devenu un immense charnier.

A l’égard du drame des Tutsis, pourquoi avons-nous en France et en Europe, détourné le regard ? On peut trouver plusieurs explications qui viennent spontanément : l’éloignement géographique ou historique. Certes, mais ces explications ne sont pas suffisantes et le mal est plus profond. Beaucoup d’exemples démontrent que nous sommes prêts à nous indigner pour bien moins. Dès juin 1994, en plein génocide, lors d’un journal télévisé, Charles Pasqua, alors de Ministre de l’Intérieur, a vendu la mèche. Pour lui, «il ne faut pas croire que le caractère horrible de ce qui s’est passé là-bas a la même valeur pour eux que pour nous». Que des Africains se massacrent par millions, ce ne serait finalement pas si grave car les Africains auraient la machette facile, (...)

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