Rwanda, l’histoire d’une renaissance

Le 6 avril 1994, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana est abattu alors qu’il revient d’un sommet en Tanzanie, à Arusha, où se négocient les accords visant à mettre fin à la guerre civile rwandaise commencée en 1990. Les extrémistes hutus au pouvoir accusent les rebelles tutsis du FPR d’être responsables de l’attentat. Dès le lendemain, la machine de mort se met en marche. Jusqu’en juillet, les Tutsi sont exterminés à coups de machette, brûlés vifs ou mitraillés. Le génocide fait près de 800 000 victimes, selon les Nations unies.

Trente ans après, comment ce pays si meurtri a-t-il pu se relever ? C’est ce que nous avons voulu tenter de comprendre dans notre dossier cette semaine. Derrière le miracle rwandais de résilience vanté par son inamovible président, Paul Kagame, la réalité est bien plus nuancée, explique The Economist dans le long article qu’il consacre au pays des Mille Collines. “Pour comprendre le Rwanda aujourd’hui, il faut s’intéresser à trois niveaux de la politique de Kagame, écrit l’hebdomadaire britannique : l’échelle nationale, celle de la région des Grands Lacs et l’échelle internationale. On obtient un tableau d’ensemble composé de réformes et de réconciliation, avec une forte dose de répression et de realpolitik.”

Certes les résultats économiques affichés par le régime font des envieux : “Le PIB a progressé de plus de 8 % par an en moyenne de 1995 à 2022. L’espérance de vie a augmenté de 49 à 66 ans entre 2001 et 2021. Pourtant, il s’agit peut-être d’un succès en trompe-l’œil”, avance le magazine. Selon lui, la pauvreté serait largement sous-évaluée et les inégalités de revenus bien plus importantes qu’ailleurs dans la région.

Mais c’est surtout en termes politiques que le bât blesse : au Rwanda, pas de place pour la dissidence ou les voix discordantes. Le 15 juillet, le pays élira son président et nul doute que Paul Kagame sera très largement réélu pour un quatrième mandat, avec un score à faire pâlir Vladimir Poutine. Il pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2034.

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