En Russie, la république du Bachkortostan secouée par des heurts inédits

C’est la “plus importante action de protestation ayant eu lieu en Russie depuis deux ans”, estime le quotidien Novyé Izvestia. Les 16 et 17 janvier, jusqu’à 10 000 manifestants se sont rassemblés par −20 °C dans une petite ville du Bachkortostan, une république de la Fédération de Russie située à 1 500 kilomètres à l’est de Moscou, entre la Volga et les montagnes de l’Oural, pour protester contre la condamnation d’un militant écologiste local à quatre ans de colonie pénitentiaire. La république, à majorité musulmane, n’est pas connue pour ce genre de troubles.

Des heurts sérieux entre policiers et manifestants – coups de matraque et jets de gaz lacrymogènes contre projection de boules de neige glacées – ont eu lieu le 17 aux abords du tribunal de Baïmak, ville de 18 000 habitants située à 400 kilomètres de la capitale régionale, Oufa, au moment de l’énoncé du verdict. Celui-ci “a fait l’effet d’une bombe”, commente Novyé Izvestia dans un autre article. Les manifestants ont crié à la “honte” et exigé la démission du dirigeant de la république, Radi Khabirov.

Selon le ministère de la Santé du Bachkortostan, “tous les blessés [dont le nombre n’a pas été précisé] ont été pris en charge, et aucun n’a eu besoin d’être hospitalisé”, rapporte le quotidien Kommersant. Mais les conséquences judiciaires de l’événement risquent, elles, d’être lourdes pour les personnes arrêtées. L’unité bachkire du Comité d’enquête fédéral a en effet ouvert une enquête pour “organisation et participation à des désordres massifs”, ainsi que pour “usage de la force contre des représentants de l’ordre”.

Contre les compagnies minières

L’écologiste dont la condamnation a déclenché la manifestation, Faïl Alsynov, 37 ans, père de quatre enfants, a dirigé pendant cinq ans l’ONG Bachkort, dissoute par un tribunal bachkir en 2020 pour “activités à caractère extrémiste”, rappelle Kommersant. Il s’était fait connaître lors de la campagne de défense, en août 2020, du mont Kurtashtau, site naturel protégé, que les autorités voulaient céder à la Compagnie bachkire de carbonate de soude pour exploitation.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :