En Russie, la région de Belgorod cible d’une incursion de combattants pro-ukrainiens

Cette opération, revendiquée par des soldats russes combattants aux côtés de l’Ukraine, a contraint le gouverneur de la région russe de Belgorod à instaurer un régime « antiterroriste ».

GUERRE EN UKRAINE - Une situation plus que confuse dans la région de Belgorod, en Russie. Moscou a reconnu ce lundi 22 mai combattre sur son sol un groupe de « sabotage » venu d’Ukraine. Les autorités russes ont ainsi dénoncé « l’entrée d’un groupe de sabotage et de reconnaissance de l’armée ukrainienne dans le district de Graïvoron », dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine.

Une incursion revendiquée par des combattants russes engagés aux côtés de l’Ukraine et qui illustre une nouvelle fois les apparentes difficultés de Moscou à assurer la sécurité de ses frontières dans les zones limitrophes de l’Ukraine, où les bombardements et les infiltrations se sont multipliés ces derniers mois.

Le HuffPost fait le point sur la situation.

· Ce que l’on sait des faits

La Russie a dénoncé ce lundi matin des faits de « sabotage » dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine. « Les forces armées russes, aux côtés des gardes-frontières, de la Garde nationale et des services de sécurité, prennent toutes les mesures nécessaires pour éliminer l’ennemi », a affirmé sur Telegram le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov. Pour la Russie, il s’agit de saboteurs ukrainiens qui se sont introduits sur le sol russe.

Selon le collaborateur de LCI Cyrille Amoursky, des images publiées par les assaillants montrent notamment « que des chars, des hélicoptères se dirigent vers le territoire russe », dans la région de Belgorod. « Les chaînes Télégram russes annoncent qu’un point de contrôle à la frontière, côte russe, aurait été anéanti. Une vidéo publiée par les volontaires russes confirme cela », ajoute-t-il, comme vous pouvez le voir ci-dessous :

En fin de journée, ce lundi 22 mai, le gouverneur de la région de Belgorod a fait part de son espoir que les combattants armés infiltrés soient « bientôt » vaincus.

· Six blessés dans cette incursion

Au moins six personnes ont été blessées ce lundi lors de cette incursion dans la région de Belgorod, a indiqué le gouverneur de la région, dont deux personnes dans le bombardement du village de Glotovoet trois autres dans le district de Graïvoron.

Selon Viatcheslav Gladkov, un obus est tombé sur un jardin d’enfants, qui a pris feu à Zamostié, blessant une femme aux mains. Toutes ces localités sont situées près de la frontière ukrainienne et dans la zone où l’incursion de combattants est en cours, selon les autorités russes.

À Graïvoron, le chef-lieu du district, l’administration locale a par ailleurs été touchée et trois maisons ont également été endommagées. Et d’après la même source, un drone a été abattu par la défense antiaérienne russe.

· La « Légion Liberté pour la Russie »

L’opération a été revendiquée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la « Légion Liberté pour la Russie », un groupe de Russes combattant du côté ukrainien. Cette organisation, qui avait déjà assuré être à l’origine d’incursions précédentes dans la même région, est classée comme « terroriste » par Moscou.

« Il est venu le temps de mettre fin à la dictature du Kremlin », a affirmé dans une vidéo diffusée par cette chaîne un homme qui avait été présenté à l’AFP en décembre comme « Caesar », porte-parole du groupe, un homme identifié par la presse comme un ex-néonazi russe passé côté ukrainien en 2014.

Selon la chaîne, le groupe a « complètement libéré » le village de Kozinka et a attaqué une deuxième localité, le chef-lieu de Gaïvoron. Ces affirmations n’étaient pas vérifiables de source indépendante.

· Régime « antiterroriste » instauré

Les nombreux dégâts causés par l’attaque ont d’ailleurs contraint le gouverneur à instaurer un régime « antiterroriste » dans sa région. La Russie a placé lundi sa région de Belgorod sous le « régime légal de zone d’opération antiterroriste », a ainsi annoncé Viatcheslav Gladkov.

Ce régime, décidé par les services de sécurité russes, prévoit, selon un communiqué diffusé par le gouverneur, la possibilité d’évacuer les civils des zones concernées, le contrôle accrus des télécommunications, des interventions facilitées des forces « antiterroriste » ou encore des contrôles d’identité et des véhicules renforcés.

Les autorités « appellent les citoyens à se monter vigilants, à suivre les injonctions des représentants des forces de l’ordre et à ne pas s’ingérer dans l’action des forces de l’ordre », insiste le communiqué. C’est la première fois qu’une région russe est placée sous ce régime à cause de l’offensive russe en Ukraine, lancée par Vladimir Poutine le 24 février 2022.

Le journaliste Cyrille Amoursky évoque lui aussi l’instauration d’une « opération antiterroriste » alors que « la population civile fuit en masse » la région attaquée. « La panique s’installe dans la région de Belgorod », affirme-t-il encore sur ses réseaux sociaux.

· Poutine informé, Kiev suit avec « intérêt »

Le président Vladimir Poutine a été informé de cette incursion, a assuré aux journalistes son porte-parole Dmitri Peskov, qui a estimé qu’il s’agissait d’une tentative de l’Ukraine de « détourner l’attention » de la chute de Bakhmout, revendiquée ce week-end par les forces russes.

Une chute que Kiev et son président Volodymyr Zelensky continuent de démentir malgré des propos ambigus. Au G7, Zelensky a assuré que ses hommes tenaient encore une partie « insignifiante » de la ville, tout en continuant une percée sur les flancs russes au nord et au sud de la ville.

Quant aux événements de Belgorod, la présidence ukrainienne a indiqué que Kiev n’avait « rien à voir » avec cette incursion, mais affirme suivre la situation avec « intérêt ».

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