Russie : pourquoi les menaces de Trump sur l’Otan en cas de retour au pouvoir font peur aux Occidentaux
INTERNATIONAL - Toujours aussi consternant. Donald Trump est en pleine course pour la primaire républicaine, mais il se projette déjà pour un retour à la Maison Blanche. L’ancien président a même d'ores et déjà promis certaines choses s’il revenait au pouvoir, et le programme n’a rien de glorieux.
Lors d’un meeting en Caroline du Sud samedi 10 février, il a en effet menacé de ne plus garantir la protection des pays de l’Otan face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part, affirmant même qu’il « encouragerait » Moscou à s’en prendre à eux. Pour illustrer son propos, il a rapporté une conversation qu’il aurait eue avec un des chefs d’État de l’Otan, sans le nommer.
« Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : “eh bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?” », a raconté l’ex-président républicain avant de révéler sa réponse : « Non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerai à faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos factures ».
2 % du PIB, « une ligne directrice et non un contrat contraignant »
Une idée qui n’est pas très étonnante venant de la part du milliardaire. En effet, Donald Trump reproche régulièrement aux alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord de ne pas tenir leurs engagements en matière de dépenses militaires. À savoir dépenser 2 % de leur PIB dans le budget de la défense. En campagne, il avait déjà menacé à plusieurs reprises de sortir de l’Otan s’il retournait à la Maison Blanche.
Pour rappel, l’article 5 stipule que si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.
Toutefois, comme le souligne CNN, Trump a une perception erronée du fonctionnement du financement de l’OTAN. Certes, l’objectif de l’organisation est que chaque pays membre consacre à la défense au moins 2 % de son produit intérieur brut, ce que plus part des pays n’arrivent pas à atteindre. Mais ce chiffre est « une ligne directrice et non un contrat contraignant, et il ne crée pas non plus de “factures” », explique le média. Ainsi, les pays membres qui sont en dessous des 2 % ne manquent pas à leurs obligations. Et ça ne devrait donc en aucun cas les empêcher d’être protégés par leurs alliés.
Des propos qui « servent les intérêts de Poutine »
Ses propos ont provoqué l’indignation et la consternation en Europe et au sein de l’organisation. Pour beaucoup, évoquer la simple idée d’abandonner des pays membres à leur sort serait un aveu de la faiblesse de l’Otan et une preuve de scission parmi les signataires. Aussi, laisser entendre à Vladimir Poutine qu’il pourrait faire « ce qu’il veut » avec ces pays ouvrirait la porte à de potentiels nouveaux conflits.
« Le fait que Donald Trump avoue qu’il compte donner le feu vert à Poutine pour davantage de guerre et de violence, pour continuer son assaut brutal contre une Ukraine libre et pour étendre son agression aux peuples de Pologne et des Etats baltes est affligeant et dangereux », a déclaré dans un communiqué le président démocrate.
Le Dr Patrick Bury, expert en défense et sécurité et ancien analyste de l’OTAN, a déclaré à la BBC que, certes, Trump peut refléter la colère des États-Unis face au fait que certains pays membres ne consacrent pas assez de leur budget à l’armée. Mais ses propos dépassent les bornes. « Il est correct de jouer dur avec les alliés de l’OTAN, mais tout dépend jusqu’où l’on va. Ces commentaires vont vraiment trop loin », a-t-il déclaré.
« Déclaration imprudentes »
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a lui mis en garde : « Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru. »
« Ces déclarations imprudentes sur la sécurité de l’Otan et la solidarité de l’article 5 ne servent que les intérêts de Poutine » et « n’apportent ni plus de sécurité ni plus de paix dans le monde », a dénoncé le président du Conseil européen Charles Michel.
La dernière rivale de Donald Trump aux primaires républicaines, Nikki Haley, a dénoncé la rhétorique de l’ex-président. « Ne prenons pas le parti d’une brute qui tue ses opposants », a-t-elle affirmé en allusion à Vladimir Poutine. « Nous voulons que les alliés de l’Otan paient leur part, mais il y a des moyens d’obtenir cela sans (...) dire à la Russie : “faites ce que vous voulez avec ces pays-là” », a-t-elle ajouté.
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