Russie: l'interdiction de nouveaux essais nucléaires révoquée lors d'un vote à la Douma

Une victoire écrasante. Les députés russes ont approuvé mardi en première lecture la révocation de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN), nouveau recul en matière de non-prolifération sur fond de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux.

Ce vote intervient peu après que le président russe Vladimir Poutine l'eut appelé de ses voeux, refusant cependant de dire si la Russie comptait reprendre des essais.

Lors d'un vote à la Douma, la chambre basse du Parlement, 412 députés, soit la totalité des élus présents, se sont dits favorables à la révocation de la ratification, en 2000, du texte par Moscou.

Pas d'essais depuis la chute de l'URSS

Cette révocation soulève la crainte de nouveaux essais nucléaires et d'un renforcement de la course aux armements. La Russie, depuis la dislocation de l'URSS, n'a pas mené d'essais. Le dernier, mené par l'URSS, remonte à 1990 et celui des Etats-Unis à 1992.

Vladimir Poutine avait annoncé début octobre que son pays pourrait révoquer la ratification du TICEN en réponse aux Etats-Unis qui ne l'ont jamais ratifié.

"Je ne suis pas prêt à dire si nous devons ou pas reprendre les essais", avait-il ajouté, tout en vantant alors le développement de nouveaux missiles surpuissants pouvant transporter des ogives nucléaires.

Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, Vladimir Poutine a soufflé le chaud et le froid quant au recours à l'arme nucléaire.

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert à la signature en 1996, mais il n'est jamais entré en vigueur car il n'a pas été ratifié -étape nécessaire pour son entrée en vigueur- par un nombre suffisant d'Etats, parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa création.

La ratification est l'acte par lequel un État indique son consentement à être lié par un traité. La Russie, la France et le Royaume-Uni l'ont fait, mais ce n'est pas le cas de cinq Etats l'ayant signé: les Etats-Unis, la Chine, l'Iran, l'Egypte et Israël. Trois autres pays, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord, ne l'ont ni signé, ni ratifié.

Ogives russes en Biélorussie

Mardi, peu avant le vote des députés russes, le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a assuré qu'il fallait révoquer cette ratification pour "défendre" les citoyens russes et maintenir "une parité stratégique mondiale".

"Washington doit comprendre une fois pour toutes que leur hégémonie ne mènera à rien de bon", a-t-il déclaré.

Précédemment, il avait affirmé que cette révocation était liée à la "guerre" déclenchée, selon lui, par Washington et Bruxelles contre la Russie. "Les défis actuels demandent de nouvelles solutions", avait-il déclaré.

Depuis le début de son assaut contre l'Ukraine, Vladimir Poutine a porté plusieurs coups de canif au régime de non-prolifération nucléaire.

Durant l'été 2023, il a commencé à déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, son plus proche allié et pays qui a servi de tête de pont à l'offensive russe en Ukraine.

Article original publié sur BFMTV.com