Russie : Ce que l’on sait de l’attaque au marteau contre Leonid Volkov, l’ex-bras droit de Navalny
INTERNATIONAL - Difficile de ne pas voir un lien avec la présidentielle russe qui débute ce 15 mars et la mort récente d’Alexeï Navalny. En Lituanie, la violente agression de Leonid Volkov, ancien bras droit du principal opposant de Vladimir Poutine en Russie provoque de vives réactions en Europe. De quoi laisser planer le doute quant à une opération dirigée par le Kremlin pour faire taire cette autre voix discordante.
Liens avec Alexeï Navalny, conditions de son agression, et accusations portées contre la Russie de Vladimir Poutine… Le HuffPost fait le point sur l’agression dont a été victime l’ancien chef de cabinet de l’opposant russe, décédé brutalement et dans des circonstances troublantes il y a près d’un mois.
· Agression au marteau
Si « des blessures plus graves ont été évitées », Leonid Volkov a échappé de peu à la mort mardi 12 mars. L’homme de 43 ans se trouvait dans une voiture devant son domicile de Vilnius, en Lituanie lorsqu’il a été violemment agressé à coups de marteau.
Sur Telegram, il indique avoir été frappé 15 fois à la jambe durant l’attaque, survenue en soirée. « Quelqu’un a brisé une vitre de voiture et lui a aspergé les yeux de gaz lacrymogène » avant de lui infliger des coups à l’aide d’un marteau, avait initialement témoigné Kira Iarmich, l’ex-porte-parole d’Alexeï Navalny.
Celle qui est aussi l’épouse de Leonid Volkov avait ensuite diffusé des photos (pouvant choquer) montrant les blessures de son mari : un œil au beurre noir, une marque rouge sur son front et du sang sur sa jambe.
Selon une source au sein du gouvernement lituanien citée par l’AFP, Leonid Volkov est sorti tôt de l’hôpital ce mercredi 13 mars. Certaines de ses blessures ont d’ailleurs été détaillées par les autorités locales, qui citent des « contusions sur diverses parties de son corps ainsi qu’une fracture d’un os de la main ».
· Enquête de la police lituanienne
Sans attendre, Vilnius a annoncé l’ouverture d’une enquête criminelle sur l’agression de ce proche de Navalny. Pour l’heure, la police lituanienne a déclaré que ses enquêteurs examinaient « plusieurs pistes », sans donner plus de détails.
En revanche, aucun suspect n’a été identifié à ce stade, même si les autorités affirment prendre « toutes les mesures nécessaires pour élucider le mobile et les causes de ce crime ».
· Un chef de cabinet en exil
D’origine russe, Leonid Volkov se trouvait en Lituanie dans le cadre de son exil forcé du territoire russe en 2019. Une fuite qui avait été obligatoire pour ce proche de la bête noire du Kremlin, Alexeï Navalny.
En effet, Leonid Volkov et Navalny ont longtemps travaillé ensemble dans le cadre de leur travail pour la Fondation créée en 2011 par Alexeï Navalny pour mettre en lumière la corruption du gouvernement russe. Durant leurs années de collaboration, Leonid Volkov avait également été désigné chef de cabinet de Navalny durant sa campagne pour l’élection présidentielle de 2018 en Russie.
Son exil forcé, au même titre que celui d’autres proches d’Alexeï Navalny, était devenu inévitable en 2019 lorsque les autorités russes avaient ouvert une enquête criminelle contre la Fondation (qu’il présidait jusqu’en 2023), qualifiée d’« organisation extrémiste » par le pouvoir russe. Depuis 2021, le Kremlin le recherche plus précisément pour son rôle dans l’organisation de manifestations contre le pouvoir russe, action menée conjointement avec Navalny. Suffisant pour permettre au service des renseignements financiers russe d’ajouter son nom à la liste des personnalités « terroristes et extrémistes » du pays.
· Méthode « typique » du Kremlin
« Nous allons travailler et nous n’abandonnerons pas ». C’est par ces mots que Leonid Volkov a assuré ce mercredi qu’il allait mieux et qu’il poursuivait son combat contre la Russie de Poutine. Un maître du Kremlin, qui a justement été cité dans cette déclaration sur Telegram, où l’opposant politique estime que cette agression était « typique » du mode opératoire des hommes de main du président russe, en lice pour une nouvelle élection à la tête du pays.
Plus subtil, le président lituanien Gitanas Nauseda n’a pas accusé directement le chef du Kremlin, mais il l’a mis en garde lors de sa visite à Paris ce mercredi. Les services compétents vont « enquêter et, je l’espère, trouver les coupables. Quant à Poutine, je ne peux dire qu’une chose : personne n’a peur de vous ici ».
La thèse d’une action russe est d’ailleurs soutenue (avec prudence) par les services de renseignement lituaniens, qui estiment « probable que l’attaque » contre Leonid Volkov « soit une opération organisée et mise en œuvre par la Russie ».
À voir également sur Le HuffPost :