Russie et Allemagne s'accusent de ranimer la Guerre froide

MOSCOU (Reuters) - La Russie a accusé mercredi l'Otan de ranimer le spectre de la Guerre froide en accaparant des territoires proches de sa frontière afin de remettre en cause l'équilibre des pouvoirs, une initiative qui, dit-elle, la contraint à prendre des mesures pour défendre sa sécurité. L'Allemagne a réagi à ces déclarations et à l'annonce mardi par Vladimir Poutine de l'ajout de 40 missiles balistiques intercontinentaux à l'arsenal russe en estimant que le Kremlin obéissait à un réflexe de style soviétique. "Ce n'est pas la Russie qui s'approche des frontières d'un autre. C'est l'infrastructure militaire de l'Otan qui s'approche des frontières de la Russie", a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe. "Tout cela (...) contraint Moscou à prendre des mesures pour préserver ses intérêts, sa sécurité." Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a accusé Vladimir Poutine d'avoir des réflexes hérités de la Guerre froide. "Les vieux réflexes de cette époque sont à l'évidence plus vivaces que nous le pensions jusqu'à l'année dernière", a commenté Steinmeier. "Je ne peux que mettre en garde contre la tentation de céder à de tels réflexes et d'entrer dans une spirale d'escalade rapide des mots et des actes", a-t-il ajouté. Selon Dmitri Peskov, l'Occident s'appuie de plus en plus souvent sur une rhétorique "contre-productive et conflictuelle" digne de la période de la Guerre froide face à une Russie qui n'a jamais cherché le conflit. La Russie ne souhaite pas s'engager dans une course à l'armement, notamment parce que cela pénaliserait son économie, a par ailleurs déclaré mercredi un conseiller en politique du président Vladimir Poutine. "La Russie ne s'inscrit pas dans une course à l'armement", a dit Youri Ouchakov. "La Russie cherche à réagir à certaines menaces mais rien de plus. Nous n'entrons pas dans une course à l'armement parce que cela pénaliserait les capacités de notre sphère économique." (Gabriela Baczynska,; Nicolas Delame pour le service français)