Rugby: les deux documents capitaux pour l’avenir du Biarritz Olympique

Quelles garanties financières a apportées le Biarritz Olympique Pays Basque (BOPB) à l’Autorité de Régulation du Rugby (A2R), l’organisme qui contrôle la gestion financière des clubs français, mercredi matin? Personne n’a parlé ou peu. "Notre projet a été validé par l’A2R", précise un membre de la direction à RMC Sport. Une direction qui semble très confiante avant la décision finale de l’instance de régulation qui sera rendue mardi 11 juin.

Selon nos informations, les nouveaux actionnaires du BO doivent déposer 1 million d’euros sur les comptes du club pour solder la saison qui vient de s’achever. Ils devaient également acter une enveloppe d’un peu moins de 2 millions d’euros par an de garantie pendant trois ans. Garantie apportée par l'hommes d'affaires Pierre-Edouard Stérin via sa société Otium.

Pour tenter d’y voir plus clair, RMC Sport a pu consulter deux documents capitaux qui vont borner l’avenir du BOPB. Il y a d'abord le contrat de fiducie du BOPB, signé le 4 juin 2024, donc la veille du passage du BO devant l’autorité financière. "Ils s’y sont pris tard, ils ont fait ça à l’arrache!", nous glisse une source proche du dossier. Concrètement, une fiducie est une opération qui permet le transfert de biens ou de droits.

Dans le cas de Biarritz, plusieurs acteurs sont parties prenantes de la fiducie. D’abord les actionnaires majoritaires du club (représentés par Shaun Hegarty) via la société B.Otiful ; ensuite le fonds d’investissement Otium qui gère les actifs de Pierre-Edouard Stérin. On y retrouve aussi le club de Biarritz (SASP BOPB), la société Poulmaire gestion fiduciaire de l’avocat d’affaires Didier Poulmaire (qui a représenté la mairie de Biarritz, mais aussi Laure Manaudou, Yoann Gourcuff, ou encore Amélie Mauresmo). Et enfin la commune de Biarritz.

Ce million qui bloquait

La fiducie BOPB devait avant tout débloquer 1 million d’euros, à verser sur les comptes du club "dans les 48h de la signature de l’avenant". C'était la seule chose qui bloquait encore, ce mercredi, pour que l'A2R donne son feu vert à la prochaine saison de Biarritz en PRO D2. C'est finalement chose faite depuis ce vendredi, selon nos informations. Le million devrait apparaître sur les comptes du BO lundi. Ce million doit permettre de solder la saison compliquée de Biarritz terminée en mai dernier avec le maintien sportif en PRO D2.

De son côté, Otium, le fonds de Pierre-Edouard Stérin, s'est engagé pour 2 millions d’euros de garantie bancaire par an pendant trois ans pour "couvrir un certain nombre d’aléas pour les trois prochaines saisons". La mairie, elle, met 500.000 euros de garantie.

En contrepartie des 2 millions d’euros de Pierre-Edouard Stérin, les nouveaux propriétaires du BO sous-loue le bail emphytéotique du Stade Aguiléra et plus largement de la plaine d'Aguiléra. Pour rappel, la commune de Biarritz a laissé la gestion de l’enceinte sportive au club résident contre le versement d’un loyer. Ce qui intéresse l'hommes d'affaires normand n'est pas le stade en tant que tel mais surtout cette zone constructible de la plaine d'Aguiléra. Pour y faire quoi au juste? Cela se jouera lors des négociations avec la mairie. C'est pour cela que l’Autorité de régulation du rugby a demandé à ce que la garantie de 2 millions d’euros de Pierre-Edouard Stérin ne dépende pas des projets autour du stade.

L'autre document auquel RMC Sport a eu accès est le contrat de collaboration commerciale signé le 6 mai dernier. Le club de Biarritz a choisi la société Horizon 7 Consulting (H7C) pour gérer sa régie commerciale. L’entreprise parisienne est dirigée par Pierre Rondinaud et contrôlée par son beau-frère, l’homme d’affaires limougeaud Romain Détré qui avait déjà tenté de racheter le BO l'année dernière. Il ne sera finalement pas actionnaire mais partenaire, insiste-t-on du côté de la nouvelle direction.

Pour les cinq prochaines saisons (jusqu’en 2028-2029) H7C sera la régie du Biarritz Olympique "pour l’assister dans le cadre de sa stratégie de développement commercial (…) la recherche, la négociation, la conclusion et la responsabilité du suivi commercial des contrats de sponsoring, de parrainage, et plus généralement tous les contrats de promotion et de valorisation du chiffre d’affaires et de l’image du BOPB". Un contrat qui prévoit des garanties de revenus nets de 3 millions d'euros. L’objectif ne devrait pas être trop compliqué à remplir quand on sait que lors de la saison 2021-2022 le chiffre d’affaires commercial du BO en TOP 14 était de 11,6 millions d’euros puis de 6,8 millions d’euros la saison suivante (2022-2023) en PRO D2, selon le dernier bilan du club. Il est précisé que le BOPB pourra refuser tout contrat pub qui serait contraire à son image. La société H7C facturera une commission de 15% sur les montants des partenariats.

Article original publié sur RMC Sport