Royaume-Uni : Rishi Sunak convoque des élections anticipées à haut risque pour les conservateurs

Rishi Sunak, ici quittant le 10 Downing Street, à Londres, le 22 mai 2024.
HENRY NICHOLLS / AFP Rishi Sunak, ici quittant le 10 Downing Street, à Londres, le 22 mai 2024.

ROYAUME-UNI - Un exercice de haute voltige à venir pour Rishi Sunak. Le Premier ministre britannique a annoncé ce mercredi 22 mai la tenue d’élections législatives le 4 juillet, alors que l’opposition travailliste est donnée largement favorite dans les sondages.

« Plus tôt dans la journée, je me suis entretenu avec Sa Majesté le roi pour demander la dissolution du Parlement. Le roi a accédé à cette demande et des élections législatives se tiendront le 4 juillet », a déclaré le dirigeant conservateur de 44 ans, s’exprimant sous la pluie, depuis le perron du 10, Downing Street.

Selon les dernières intentions de vote, par exemple dans ce sondage YouGov (ci-dessous) paru en milieu de semaine dernière, le Parti travailliste (Labour) caracole en tête avec des projections à 47 %, contre seulement 20 % pour le Parti conservateur (Conservative, ou Tories) de Rishi Sunak. Avec un mode de scrutin à la majorité simple à un tour dans les 650 circonscriptions du Royaume-Uni, de tels résultats se traduiraient par une large majorité pour les travaillistes.

Dans son court discours ce mercredi, Rishi Sunak n’a pas hésité à tacler Keir Starmer, son adversaire principal, à la tête du Parti travailliste. « Le 5 juillet, soit Keir Starmer, soit moi-même serons Premier ministre. Il a montré à maintes reprises qu’il choisirait la solution de facilité et ferait tout pour obtenir le pouvoir », a lancé Rishi Sunak, avant d’insister : « s’il était heureux d’abandonner toutes les promesses qu’il avait faites de devenir leader une fois qu’il aurait obtenu le poste, comment pouvez-vous savoir qu’il ne ferait pas exactement la même chose s’il devenait Premier ministre ? »

Rishi Sunak se bornait jusqu’à présent à évoquer des élections « au second semestre ». Mais face aux sondages calamiteux pour les « Tories », la pression se faisait de plus en plus forte sur le chef du gouvernement pour appeler les électeurs aux urnes, ou au moins pour clarifier ses intentions alors que le scrutin peut se tenir en théorie jusqu’en janvier 2025.

Une série de bonnes nouvelles sur le plan économique - retour de la croissance et coup de frein à l’inflation - auraient fini par le convaincre de se lancer.

Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit puis la succession de cinq Premiers ministres en huit ans, les Britanniques semblent décidés à tourner la page et à envoyer le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans au 10, Downing Street.

Succession de crises

Pour les « Tories », que Boris Johnson avait menés à une victoire historique en 2019, les pronostics sont cataclysmiques. Plus de 60 députés conservateurs sur 344 ont déjà renoncé à se représenter, y compris des poids lourds du parti.

Même en Écosse, les indépendantistes, tout puissants ces dernières années, sont désormais distancés dans les sondages par le Labour.

Choisi par les députés de son parti en octobre 2022, Rishi Sunak était censé incarner avec son passé de banquier d’affaires et de ministre des Finances travailleur le retour du sérieux après les scandales de l’ère Boris Johnson et la quasi-crise financière provoquée par les 49 jours de Liz Truss au pouvoir.

Mais son mandat a tourné au chemin de croix, les Britanniques semblant épuisés par la baisse du pouvoir d’achat des deux dernières années, le déclin des services publics - surtout du système de santé, à bout de souffle -, la hausse des taux d’intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s’affichaient ouvertement.

Rishi Sunak s’est montré incapable de redresser la barre malgré ses tentatives répétées de se relancer, d’afficher son autorité ou de séduire sa base avec des projets comme celui visant à envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda.

Mi-mai, il a tenté de se poser en gardien de la sécurité dans un discours très électoral, se disant « convaincu que les prochaines années seront parmi les plus dangereuses », sans convaincre.

De son côté, Keir Starmer, élu à la tête de son parti en 2020 à la suite du très à gauche Jeremy Corbyn, a méthodiquement recentré le Labour. Il s’est attelé à se construire une image de dirigeant compétent et sérieux, prudent sur le plan économique et financier, et ferme sur les questions sécuritaires et migratoires.

Keir Starmer, avec 51 % d’opinions défavorables, est l’homme politique le moins impopulaire du Royaume-Uni. Et le Labour est considéré par les sondés comme étant mieux placé que les Tories pour gérer tous les sujets sauf la Défense, y compris la fiscalité, l’immigration ou la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.

« Le temps du changement est venu ! » a lancé Keir Starmer ce mercredi lors d’un discours, ajoutant : « voter pour le Labour, c’est voter pour la stabilité, économique et politique ».

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