Royaume-Uni : Rishi Sunak annonce de nouvelles exploitations pétrolières et gazières en Mer du Nord

Pour Rishi Sunak, l’avenir du Royaume-Uni passe par des investissements pétroliers et gaziers en mer du Nord. Une question d’indépendance énergétique.
Pour Rishi Sunak, l’avenir du Royaume-Uni passe par des investissements pétroliers et gaziers en mer du Nord. Une question d’indépendance énergétique.

ROYAUME-UNI - Un geste qui compte, sauf pour la protection de l’environnement. Le gouvernement britannique a promis ce lundi 31 juillet des « centaines » de nouvelles licences d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord. De quoi mettre en lumière l’assouplissement de l’approche du Premier ministre Rishi Sunak face au réchauffement climatique.

« Nous avons tous été témoins de la manière dont (le président russe Vladimir) Poutine a instrumentalisé l’énergie, perturbant les approvisionnements et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier », a commencé par expliquer le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué.

« Maintenant plus que jamais, il est vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l’énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques », a justifié Rishi Sunak, qui estime que même quand le Royaume-Uni aura atteint son objectif neutralité carbone en 2050, un quart de ses besoins en énergie proviendra du pétrole et du gaz.

Les politiques vertes remises en question

Le soutien de l’exploitation pétrolière et gazière en Mer du Nord va permettre de soutenir plus de 200 000 emplois, a ensuite annoncé Downing Street pour compléter les annonces de son Premier ministre.

Le gouvernement a dévoilé en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en Mer du Nord, secteur susceptible de soutenir jusqu’à 50 000 emplois, toujours selon Downing Street. Cette technologie est critiquée par certains écologistes comme pouvant servir d’excuse à la poursuite d’exploitation des énergies fossiles.

Ces annonces interviennent en plein questionnement outre-Manche, au sein de la majorité conservatrice mais aussi dans l’opposition travailliste, sur certaines politiques vertes en raison de leur coût pour les Britanniques, durement frappés par l’inflation.

Une manière aussi pour Rishi Sunak de s’opposer frontalement aux travaillistes (favoris des prochaines élections législatives) qui veulent mettre fin à l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord.

Les politiques vertes semblent sur la sellette au Royaume-Uni depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale de l’ouest de Londres. Ce résultat -à moins de 500 voix près- a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l’extension prévue fin août d’une taxe sur les véhicules polluants à l’ensemble du Grand Londres, soit neuf millions d’habitants, et voulue par le maire travailliste Sadiq Khan.

Sous forte pression d’une frange de la majorité, le gouvernement a laissé entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment sur les normes énergétiques des logements.

Sunak du « côté » des ménages, pas du climat

Rishi Sunak avait déjà préparé le terrain durant le week-end dans une tribune parue dans le journal conservateur Sunday Telegraph, qualifiant alors le Labour d’« anti-automobiliste » et se disant « du côté » des ménages qui ont besoin de leur voiture.

« Nous ferons la transition vers la neutralité carbone », a-t-il toutefois déclaré sur les ondes de la BBC en Écosse. « J’y suis engagé, mais nous le ferons d’une manière proportionnée et pragmatique qui n’ajoute pas nécessairement au fardeau ou aux prix des factures des familles, en particulier à un moment où l’inflation est plus élevée que chacun d’entre nous ne l’aurait souhaité », a-t-il ajouté.

Un discours bicéphale qui a tendance à agacer les défenseurs du climat, pour qui Londres ne cherche pas à agir. « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que les politiciens utilisent l’environnement comme un ballon de football politique. C’est de courage et du leadership dont nous avons besoin maintenant », ont prévenu dans une lettre à Rishi Sunak les dirigeants de plusieurs associations, comme WWF, le National Trust ou Greenpeace.

Fin juin, le secrétaire d’État chargé du climat au ministère des Affaires étrangères Zac Goldsmith -proche de Boris Johnson- a quitté le gouvernement, reprochant notamment à Rishi Sunak de ne pas s’intéresser à l’environnement et dénonçant « l’apathie » de l’exécutif sur la question climatique.

Selon un sondage YouGov du printemps, 65 % des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s’opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.

Le Royaume-Uni continue toutefois de subir les effets du réchauffement climatique cet été. Un rapport des services météorologiques a d’ailleurs averti cette semaine que les températures records de l’été 2022, où les 40 °C ont été dépassés, paraîtraient « fraîches » d’ici à la fin du siècle.

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