Royaume-Uni : Boris Johnson attaqué par ses anciens conseillers pour sa gestion du Covid-19
Une enquête publique sur la gestion par le gouvernement britannique de l'épidémie de COVID-19 révèle que l'ancien premier ministre, Boris Johnson, a fait preuve d'une complaisance alarmante face au nombre élevé de décès dus au virus, chez les personnes âgées.
Selon plusieurs collaborateurs et fonctionnaires de haut rang, qui ont témoigné dans le cadre de l'enquête en cours, Boris Johnson doutait que la menace que représentait le virus pour les personnes âgées vaille la peine de prendre des mesures de confinement draconiennes pour enrayer sa propagation, alors même que le Service national de santé du Royaume-Uni était submergé de patients gravement malades.
Un témoignage affirmant, que Boris Johnson avait demandé à ses conseillers, s'il était vrai, que l'air chaud sèche-cheveux projeté dans les narines pouvait éliminer le virus du Covid, figure parmi les autres preuves présentées.
Selon une série d'entrées de journal soumises par Sir Patrick Vallance, à l'époque conseiller scientifique principal du gouvernement, Boris Johnson a exprimé à plusieurs reprises son irritation, quant à la priorité accordée à la lutte contre la propagation du virus.
En décembre 2020, juste avant que le Royaume-Uni ne soit brusquement verrouillé en prévision de ce qui s'est avéré être une deuxième vague d'infections dévastatrice, Sir Patrick Vallance écrit : "il dit que son parti "pense que tout cela est pathétique et que le COVID est juste la façon dont la nature s'occupe des personnes âgées - et je ne suis pas tout à fait sûr d'être en désaccord avec eux. Il souhaite s'appuyer sur des sondages".
L'ancien conseiller de Downing Street, Dominic Cummings, qui a été l'un des principaux collaborateurs de Boris Johnson pendant les premières phases de la pandémie, avant d'être licencié à la suite d'une série de scandales, a soumis une déclaration de 115 pages détaillant ce qu'il retient de la prise de décision du gouvernement, au cours des premiers mois de l'année 2020.
Dans cette déclaration, il dépeint Boris Johnson comme très influençable et enclin à "rebondir" en fonction de "la dernière personne à qui il a parlé". Dans des messages WhatsApp souvent explicites datant de mars 2020, Dominic Cummings et Lee Cain qualifient le Premier ministre de l'époque de "girouette" ('trolley") et le comparent au maire du film, "Les dents de la mer" (1974), qui insiste pour garder ses plages ouvertes, malgré la présence d'un grand requin blanc.
Dans un autre passage de son témoignage, Dominic Cummings rappelle qu'il a dû aider à convaincre Boris Johnson de ne pas aller voir la reine Élisabeth II en personne, car il risquait de la contaminer.
"J'étais désespéré et j'ai dit quelque chose comme "si vous avez le COVID et que vous tuez la reine, vous êtes fini"", se souvient Dominic Cummings, notant qu'un rapport de la discussion "est apparu sur la BBC en 2021 et a été faussement démenti" par Downing Street.
Lors de sa déposition mercredi 1er novembre, Helen McNamara, haut fonctionnaire, a confirmé les déclarations d'après lesquelles Boris Johnson n'avait pas suffisamment de connaissances scientifiques pour comprendre ce que lui disaient les conseillers du gouvernement, et qu'il avait besoin d'explications répétées pour l'aider à comprendre des concepts cruciaux, tels que les taux d'infection et les scénarios les plus pessimistes.
Boris Johnson a été infecté par le COVID-19, en avril 2020 et a développé des symptômes suffisamment graves pour être transféré en soins intensifs. Il s'est finalement rétabli.
Bien que son poste de premier ministre ait survécu à la pandémie, sa réputation a été irrémédiablement ternie, à la suite du Partygate. Alors que le public avait reçu l'ordre de reste chez lui, il est apparu que les membres de l'équipe du Premier ministre avaient organisé des fêtes à Downing Street, en présence de Boris Johnson.
Au début de l'année, Boris Johnson a été reconnu coupable d'avoir trompé le Parlement dans ses dénégations sur ces événements. Il a choisi de démissionner de son poste.