Roxanne, 24 ans, étudiante, Colombes (Hauts-de-Seine) «Je ne veux plus de cet extraordinaire à la portée d’une pilule»

«La drogue, je ne suis pas "tombée" dedans : on ne tombe pas dans la drogue comme on tombe amoureux. On commence à consommer ce que j’appellerais des "prods", parce que le monde qui nous entoure ne nous suffit pas. C’est l’ordinaire qui appelle à chercher un peu de merveilleux. Je fais partie de ceux qu’on nomme les "mélancoliques", ces personnes un peu désabusées qui n’aiment pas beaucoup la réalité.

«Ma consommation de prods est venue après une licence de sciences politiques et une première année de master à l’université. Je prenais conscience que rien de ce que je pourrais faire n’allait changer la face du monde, que je n’avais pas de crayons de couleur, que le monde resterait noir et blanc. Les prods sont alors devenus un moyen pour moi d’ouvrir une petite porte un peu magique. C’était l’extraordinaire à ma portée. Et puis, un jour, j’ai fait un bad trip. Le genre qui t’envoie à l’hôpital pour quelques heures pendant lesquelles tu alternes entre la peur de mourir et de rester perchée. Une expérience si traumatisante que tu peux être en tachycardie pendant des heures entières.

«Un bad trip t’oblige à consulter un psy. Il parle de toi comme d’un sujet "susceptible de créer des psychoses". Pourrions-nous cesser de voir ceux qui consomment des drogues dites dures comme des sujets "déviants" ? Assumons que notre jeunesse a besoin d’aller chercher ailleurs parce que ce qu’on lui a légué au mieux ne lui suffit pas, au pire la rend dépressive. J’ai tiré une leçon de mon expérience. J’ai compris que fuir la réalité peut te mener à t’en déconnecter à tout jamais. Je ne veux plus de cet extraordinaire à la portée d’une pilule. La magie créée n’est pas réelle et disparaît à chaque redescente. J’ai compris que le seul émerveillement réel est celui produit dans ma réalité quotidienne : les rencontres, l’amour, mes actions, aussi infimes et limitées soient-elles. J’ai compris que malgré la détresse du monde, l’extraordinaire est (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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