La Roumanie et la Bulgarie entrent dans Schengen, et c’est surtout très symbolique

Des voyageurs à l’aéroport international Henri Coanda d’Otopeni, en Roumanie, quelques minutes après minuit le 31 mars 2024, juste après l’entrée officielle de la Roumanie dans l’espace Schengen.
DANIEL MIHAILESCU / AFP Des voyageurs à l’aéroport international Henri Coanda d’Otopeni, en Roumanie, quelques minutes après minuit le 31 mars 2024, juste après l’entrée officielle de la Roumanie dans l’espace Schengen.

EUROPE - Après 13 ans d’attente, les voilà enfin dans l’espace Schengen. La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement fait leur entrée à minuit heure locale, ce dimanche 31 mars, dans cette vaste zone de libre circulation, à l’exception notable des frontières terrestres.

Sur les routes, les contrôles seront pour l’heure maintenus, au grand dam des chauffeurs routiers. La faute au veto de l’Autriche, seul pays réfractaire dans l’UE par peur d’un afflux de demandeurs d’asile.

Malgré cette adhésion partielle, limitée donc aux aéroports et aux ports maritimes, l’étape a une forte valeur symbolique.

« Il s’agit d’un grand succès pour les deux pays », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un communiqué. « Le moment est historique pour l’espace Schengen, le plus grand espace de libre circulation au monde. Ensemble, nous construisons une Europe plus forte et plus unie pour tous nos citoyens », a-t-elle affirmé.

La ministre roumaine de la Justice Alina Gorghiu est persuadée que cette normalisation va attirer les investisseurs et profiter à la prospérité du pays. « L’attractivité de la Roumanie s’en trouve renforcée et à terme, cela va favoriser la hausse du tourisme », a-t-elle affirmé samedi lors d’une conférence.

Dans l’aéroport de la capitale roumaine, où la majorité des vols desservent l’espace Schengen, les équipes se sont affairées toute la semaine pour préparer cette petite révolution.

Avec la promesse d’un renforcement des effectifs pour mener des contrôles inopinés, notamment à l’égard des mineurs « afin d’éviter qu’ils ne soient la proie de réseaux de traite d’êtres humains », selon le gouvernement. Les agents déployés seront aussi là pour « guider les passagers et identifier ceux qui en profiteraient pour quitter illégalement la Roumanie ».

400 millions de personnes peuvent voyager librement

Ce dimanche, de premiers voyageurs ont partagé ce moment historique sur X, comme le député européen roumain Siegfried Muresan, annonçant qu’il allait prendre le premier vol Schengen de l’aéroport de Bucarest.

Le rédacteur en chef d’un site de tourisme bulgare, Miroslav Ivanov, s’est lui filmé depuis la zone Schengen d’un aéroport bulgare.

Aujourd’hui, avec l’espace Schengen, plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles permanents aux frontières intérieures. Avec cette double entrée, cette zone créée en 1985 comprendra désormais 29 membres : 25 des 27 États de l’Union européenne ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, le Liechtenstein la Norvège et l’Islande.

Exclus du processus, les transporteurs routiers, eux, ne décolèrent pas. L’attente dure « de 8 à 16 heures » à la frontière avec la Hongrie, « de 20 à 30 heures avec la Bulgarie, avec des pics à trois jours » dans les deux cas, a déploré dans un communiqué l’un des principaux syndicats roumains du secteur, déplorant « des pertes financières » colossales.

Même coup de gueule du côté des patrons bulgares. « Seulement 3 % des marchandises bulgares sont acheminées par air et mer, les 97 % restants circulant par voie terrestre », affirme Vassil Velev, président de l’organisation BICA (Bulgarian Industrial Capital Association), interrogé par l’AFP. « Nous sommes donc à 3 % dans Schengen et ne savons pas à quelle date nous serons autorisés à adhérer complètement », déplore-t-il.

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