Ronisia et Tiakola en tête des nominations des "Flammes", les Victoires de la musique du rap

À 23 ans, Ronisia et Tiakola frappent fort dans les nominations des Flammes, dévoilée ce lundi par cette nouvelle cérémonie musicale dédiée au rap et ses courants, prévue au Théâtre du Châtelet à Paris le 11 mai.

Le public peut voter jusqu'au 10 avril pour désigner trois finalistes dans chacune des 13 catégories sur 21 qui lui sont ouvertes, avec 10 nominations pour l'heure dans chaque catégorie.

Un jury donne aussi son avis et les finalistes seront dévoilés avant le 11 mai, jour de révélation des lauréats. Deux noms sortent du lot: Tiakola, rappeur montant de la région parisienne, et Ronisia, sensation r'n'b, née au Cap-Vert et arrivée enfant en région parisienne.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Tiakola, dont l'album Mélo fut la 9e meilleure vente musicale en France en 2022, présente 11 nominations. Ronisia est citée 7 fois, notamment dans les catégories artiste féminine et révélation féminine. Les deux artistes collaborent sur le morceau Comme moi.

"On se voit comme un complément"

Ronisia et Tiakola devancent leurs aînés et poids lourds du rap/r'n'b/nouvelle pop que sont Aya Nakamura (5 nominations), Gazo et Josman (9 nominations chacun). Le vote du public, sur un site dédié, doit peser sur la suite, alors qu'aux Victoires, il n'est sollicité que pour une seule catégorie.

"On ne s'est pas construit en opposition aux Victoires", assure à l'AFP Hamad, co-fondateur de Booska-P.

Ce média estampillé "cultures populaires" est à l'initiative des Flammes avec son pendant, le média-agence de communication YARD. Sans oublier Smile, une agence de conseil et le soutien de Spotify, première plateforme musicale dans le monde.

"Les Victoires, c'est une institution qui existe depuis très longtemps, qui a fait des choses bien mais n'a pas réussi à comprendre ce qu'est le rap et tous ses autres courants. On se voit comme un complément", poursuit Hamad.

Des années de polémiques

L'histoire des Victoires et du rap n'est, en effet, qu'un long malentendu. Comme en 1999, quand le groupe Manau, se réclamant d'une variété celtique, reçoit, gêné, le trophée rap (qui n'existe même plus) face au monument NTM. Et Aya Nakamura, chanteuse francophone la plus entendue dans le monde, n'y a gagné qu'un trophée mineur de l'artiste féminine la plus streamée...

Les Victoires ont d'ailleurs délivré sans le savoir une passe décisive aux Flammes: en 2022, le rappeur SCH, au moment de recevoir son trophée d'artiste le plus streamé, prononce au micro un discours sur tous les autres artistes rap qui mériteraient d'être là.

"Ça faisait quelque temps qu'on travaillait sur le projet des Flammes, on était en pleine recherche de financement, on a décidé d'envoyer le teaser à ce moment-là, pour prendre la place et rendre le projet réel", raconte à l'AFP Tom Brunet, co-fondateur de YARD.

Des invités sportifs, acteurs, humoristes...

Les Flammes se démarquent par la diversité de leurs catégories. Il y a ainsi un prix de la stratégie de lancement d'album de l'année ou de l'engagement social de l'année (non ouvertes au vote du public).

"Souvent, avec le rap, ce ne sont pas forcément les choses positives qui sont mises en avant", regrette Hamad. "De plus en plus d'artistes, de labels, sont engagés auprès d'associations, d'initiatives caritatives, proches de la jeunesse, de causes sociétales", complète Tom Brunet.

Les organisateurs des Flammes, dans un souci didactique, privilégient l'appellation "nouvelle pop" plutôt que "musique urbaine", étiquette péjorative, pour désigner les genres satellites du rap.

Peut-on imaginer le 11 mai au Châtelet un invité d'honneur comme le footballeur Kylian Mbappé, passeur de relais entre musique actuelle/sport/mode, pour donner plus de lustre à la cérémonie ?

"Ca fait partie du profil de personnes qu'on contacte, sans qu'on ait de confirmation actuellement. Pour remettre des prix, on cherche du côté des sportifs, du ciné, de l'humour, de l'art, de la mode, etc., toute personne ayant un lien plus ou moins fort avec le rap et ses courants", conclut Tom Brunet.

Article original publié sur BFMTV.com