Rome pose ses conditions au futur président de la Commission

par Giselda Vagnoni et James Mackenzie ROME (Reuters) - L'Italie n'a pas encore décidé qui elle soutiendrait pour la présidence de la Commission européenne parce qu'elle veut d'abord entendre les promesses des candidats en matière de croissance et d'emploi, a déclaré mardi le secrétaire italien aux Affaires européennes Sandro Gozi. Le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne doit choisir le successeur de José Manuel Barroso lors de son prochain sommet les 26 et 27 juin. L'ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, soutenu par le Parti populaire européen (PPE, droite, premier groupe au Parlement européen), est considéré comme le favori à la présidence de la Commission. Mais le Royaume-Uni est très opposé à sa candidature. Sandro Gozi estime qu'un accord pourra être conclu les 26 et 27 juin prochain mais la priorité, dit-il, n'est pas un nom mais les engagements que le candidat s'engagera à prendre. "Nous ne sommes pas accrochés à un nom en particulier; nous voulons des engagements sur des priorités politiques", a déclaré à Reuters Sandro Gozi. "Nous voulons que celui qui deviendra président de la Commission, Juncker y compris, s'engage sur des priorités politiques en terme d'emploi, de croissance, d'énergie et de droits fondamentaux", a-t-il ajouté. Le président du Conseil italien, le social-démocrate Matteo Renzi, qui a triomphé aux élections européennes le mois dernier, a indiqué en mars que l'Italie profiterait de sa présidence de l'Union européenne, au second semestre, pour demander plus de souplesse budgétaire pour les pays qui veulent réformer leur économie. ENCOURAGEMENT ET SOUTIEN Les exigences italiennes semblent être prises au sérieux. L'Union européenne travaille à une interprétation du Pacte de stabilité et de croissance pour tenir compte de la demande de l'Italie en matière de croissance, a ainsi déclaré mardi le président sortant du groupe Socialistes et démocrates (S&D) au Parlement européen, Hannes Swoboda. "Nous sommes en contact avec Renzi. Nous essayons de formuler un texte pour voir comment le Pacte de stabilité peut être assoupli sans renoncer au projet à long terme de réduction de la dette", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, qui doit rencontrer Renzi mercredi à Rome, est en train de travailler à un texte, a ajouté le parlementaire. S'exprimant mardi aux côtés de Sandro Gozi au Parlement italien, le ministre délégué allemand chargé des Affaires européennes, Michael Roth, a lui aussi prôné la souplesse budgétaire. "Je veux être sûr que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que les pays qui mettent en oeuvre des réformes de façon sérieuse obtiennent encouragement et soutien", a-t-il dit. Les priorités de l'Europe, a-t-il poursuivi, doivent être l'emploi et la croissance économique. Lundi, le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, avait indiqué que le coût de mise en oeuvre des réformes devait être pris en compte dans l'examen des déficits publics des Etats. L'Italie voit dans ces propos "un signal positif", a réagi Sandro Gozi. Sans une croissance plus forte, l'Italie a peu de chance de pouvoir réduire sa dette publique, qui représente plus de 130% de son produit intérieur brut (PIB). Aux termes du Pacte de stabilité et de croissance, le déficit public d'un Etat ne doit pas, sauf exception, dépasser 3% de son PIB et sa dette publique 60% du PIB. En France, la Cour des comptes a estimé mardi que le déficit public de la France risquait de baisser moins que prévu et d'atteindre 4% du PIB fin 2014, voire davantage si la croissance économique est inférieure au 1% sur lequel table le gouvernement. (avec Jan Strupczewski à Bruxelles; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André)