Ce roman où Jean-Paul Dubois tue le père

Jean-Paul Dubois, analyste des névroses humaines, nous livre un récit beau et désespéré teinté d’humour corrosif.        - Credit:BALTEL/SIPA
Jean-Paul Dubois, analyste des névroses humaines, nous livre un récit beau et désespéré teinté d’humour corrosif. - Credit:BALTEL/SIPA

Dans une morgue, un homme tire deux balles sur le cadavre de son père. Un geste symbolique qui le soulage temporairement, mais ne peut effacer tout le mal que le « monstre » a semé chaque jour de sa vie. Condamné à un an de prison avec sursis et contraint à des soins médico-psychologiques, Paul Sorensen déroule devant le Dr Guzman le fil d'une existence marquée par la perte et le manque d'amour. Orphelin de mère et ayant perdu son frère jumeau, le petit garçon grandit sous la coupe d'un père violent et manipulateur.

Ce sont moins les coups qui le déstabilisent que l'emprise psychologique exercée par Thomas Lanski sur son entourage. Malhonnête en affaires comme envers tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route, Lanski se révèle un salaud de la pire espèce dont l'ascendant ne s'efface jamais, même lorsqu'il a disparu. Sa mort ne viendra pas soulager son fils, pas plus que les séances d'analyse avec cet étrange personnage qu'est Guzman. Souffrant de conjonctivochalasis, le médecin paraît sans cesse pleurer d'un œil, une tristesse artificielle qui renvoie, séance après séance, son patient à l'origine de ses propres larmes. « Rouvrir les plaies de toute une vie, gratter la tristesse, les souffrances, se confronter à nouveau à ces effarements d'enfant […]. À tout prendre, je me demande si une année de prison ferme n'aurait pas été pour moi une sanction plus douce. »

Un récit entre désespoir et humour noir

Fin analyste des névroses humaines, Jean-Paul Dubois [...] Lire la suite