Roland-Garros: les secrets de la réussite du tennis italien, brillant sur tous les tableaux

Sinner, Musetti, Arnaldi, Darderi ou encore Sonego, ils sont actuellement neuf joueurs transalpins dans le Top 100. Mais la densité ne fait pas tout... Le tennis français en sait quelque chose, alors qu'il possède dix de ses représentants dans le Top 100, mais aussi des résultats beaucoup moins probants.

Matteo Berrettini finaliste à Wimbledon en 2021, Jannik Sinner vainqueur de l’Open d’Australie, l’Italie a de nouveau les moyens de voir très loin en Grand Chelem. En s’imposant à Melbourne en début d’année, Sinner a d’ailleurs mis fin à 48 ans de disette pour l'Italie, qui attendait un succès en Grand Chelem chez les hommes depuis le sacre de Panatta à Roland-Garros, en 1976.

Le recours aux structures privées, pas un tabou

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette renaissance. Tout d’abord, le nombre très important de challengers et de tournois futures organisés sur le sol italien. En délivrant des invitations à ses jeunes pour ces tournois, la fédération italienne leur permet de s’aguerrir et de se confronter dès le plus jeune âge à des joueurs expérimentés. L’autre point clé réside certainement dans le recours aux structures privées.

Jannik Sinner a passé huit ans au sein de la très réputée académie Riccardo Piatti. Lorenzo Musetti, qui a bien failli éliminer Novak Djokovic cette année à Roland-Garros, est, lui, passé par l’académie Mouratoglou. En Italie, les projets individuels sont encouragés et le système n’apparaît pas seulement dépendant du giron fédéral. Une fédération italienne qui, à sa tête, a le même président depuis 22 ans, Angelo Binaghi.

Une stabilité qui est tout sauf anecdotique pour Ivan Ljubicic, directeur du haut niveau en France. "En France, mais aussi dans les autres pays, cela paraît impossible. Ils ont une véritable continuité dans leurs projets." Sur les 30 dernières années, la Fédération française de tennis a vu quatre présidents se succéder.

Conscient que son modèle fait des envieux, Angelo Binaghi se veut plutôt rassurant pour le tennis français. "Ça fait deux ans que votre président Gilles Moretton étudie notre stratégie. Soyez sûrs qu'il va combler l'écart, nous rejoindre et nous dépasser. Nous, on a mis vingt ans à obtenir ce résultat."

Jannik Sinner, la locomotive

Mais si Lorenzo Musetti (22 ans, n°30 mondial) et Matteo Arnaldi (23 ans, n°35) sont de belles promesses, le tennis italien est surtout porté par Jannik Sinner. "C’est lui le point de référence", résume Ivan Ljubicic. Celui qui emmène les autres dans son sillage et créer une véritable émulation chez les Italiens.

"Il donne une véritable force à notre tennis. Avant lui, nous n’avions pas cet espoir de voir un joueur se construire pièce par pièce. Tout le monde l’aime, car c’est quelqu’un de simple, humain et direct", détaille Vincenzo Martucci, journaliste pour le quotidien Il Messagero.

Chez les dames, le tennis italien était moins flamboyant ces dernières années, depuis les retraites de Francesca Schiavonne, Flavia Pennetta et Roberta Vinci. Mais Jasmine Paolini a elle aussi rallumé la flamme en se qualifiant pour les demi-finales à Roland-Garros. Une femme et un homme (Sinner) qualifiés la même année pour le dernier carré du tournoi parisien, c’est tout simplement du jamais vu pour le tennis italien. Historique tout simplement.

Article original publié sur RMC Sport