Roland-Garros: les raisons d’y croire pour Nadal avant le défi qui l'attend contre Zverev

"Le court Philippe Chatrier, c'est sa maison!" Que le maître des lieux puisse être considéré comme l’outsider, lui, le recordman de victoires (14) à Roland-Garros, son jardin, pour son entrée en lice dans le tournoi, passe pour une incongruité aux yeux de beaucoup. Il n’y a pourtant rien d’infâmant à considérer que Rafael Nadal, à presque 38 ans, et au crépuscule de sa carrière, n’est pas favori cette année, sachant que le Majorquin n’a que très peu joué depuis deux ans, enchaînant les blessures, qu’il n’a plus joué au meilleur des cinq manches depuis près d’un an et demi, et qu’il n’a plus remis les pieds à Roland-Garros depuis sa victoire en 2022, quand Alexander Zverev avait été le seul à lui tenir tête en demi-finale avant d'abandonner, gravement blessé à la cheville.

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Le tennisman allemand, 4e mondial, avait quitté le Chatrier en fauteuil roulant. Mais c’est bien sur ses deux jambes et auréolé du statut de favori qu’il se présentera ce lundi face à Rafael Nadal dès le 1er tour de Roland-Garros, pour l'un des matchs les plus excitants de ce début de quinzaine. Contrairement à Rafael Nadal, Alexander Zverev est arrivé à Paris avec quelques certitudes. Demi-finaliste à l’Open d’Australie et au Masters 1000 de Miami, l’Allemand a surtout conclu sa tournée de préparation par une victoire à Rome, un tournoi que Nadal a quitté dès le 2e tour, sèchement battu (6-3, 6-1) par le Polonais Hubert Hurkacz, certes un sacré client mais pas vraiment un spécialiste de la surface.

Face à Zverev, Nadal ne paraît pas en mesure d'imposer son tennis, mais la magie des lieux pourrait opérer dans une atmosphère qui sera forcément emplie d’émotions sur un Chatrier qui n’attend rien d’autre que de voir son roi se relever. Un tel contexte pourrait le transcender, si la météo ne joue pas elle-même un rôle pour équilibrer ou les débats. Dans les coulisses du tournoi, il se dit que Rafael Nadal n’a jamais semblé aussi fort depuis son retour à la compétition. Physiquement, le Majorquin n’est plus empêché dans ses déplacements latéraux. "Je ne ressens plus les limitations, en termes de mouvements, de courses, que je pouvais ressentir à Rome", confiait-il samedi, en conférence de presse. "Je me sens compétitif à l'entraînement, je peux jouer contre n'importe qui", complétait le Majorquin.

"Il sera à son meilleur niveau"

La semaine d’entraînement l’a prouvé, le Majorquin ayant martyrisé tous ses adversaires, dont le Suisse Stan Wawrinka, témoin privilégié de la forme affichée par Rafael Nadal: "Il est toujours aussi fort. Je me suis entraîné avec lui mercredi. Il met toujours beaucoup d’intensité." Sera-ce suffisant face à Alexander Zverev, dont la confiance est au plus haut? Le défi est immense face au n°4 mondial, l’un des pires tirages pour le Majorquin dans ce contexte. Mais Zverev n’est pas plus heureux que son adversaire d’avoir hérité de l’homme aux 22 grands chelems dès le 1er tour.

"Ecoutez ce que les joueurs disent. Zverev n’est pas quelqu’un qui pratique la langue de bois, relevait Marion Batoli dans les Grandes Gueules du Sport ce week-end. Il dit: 'J’aurais préféré jouer Rafa en demie ou en finale'. Au premier tour, lorsque tu viens de gagner un tournoi, que tu as cinq ou six jours d’arrêt et que tu repars sur un court et qu’il faut remettre le tablier et que tu as en face de toi Nadal, que tu vas entendre son palmarès pendant les cinq minutes d’échauffement, que tu sais que deux ans avant tu t’es battu comme un chien pendant trois heures et que tu étais en train de perdre le match en jouant le tennis de ta vie, ça entre dans ta tête."

Il existe encore beaucoup de points d’interrogation entourant la forme de Rafael Nadal avant ce match, mais le Majorquin s’est déjà présenté aux Internationaux de France sans trop de repères: "Il y a toujours eu des discussions", s'est souvenu Zverev. "En 2022, je me souviens qu’il est arrivé à Roland-Garros sans avoir gagné à Monte-Carlo ni Madrid, ni Rome. Il est arrivé à ce tournoi et tout le monde disait: ‘C’est un gros point d’interrogation, il est ceci, il est cela. Il est venu et a dominé tout le tournoi. Dans mon esprit, je pense qu’il sera le meilleur Rafael Nadal. Je pense qu’il sera à son meilleur niveau et c’est l’état d’esprit dans lequel j’aborde ce match."

Article original publié sur RMC Sport