Le roi Charles III face au double défi de l’âge et de la popularité

(FILES) In this file photo taken on March 13, 2015 Britain's Prince Charles, Prince of Wales attends a reception at Guildhall following a memorial service to mark the end of Britain's combat operations in Afghanistan in central London. - Charles has spent virtually his entire life waiting to succeed his mother, Queen Elizabeth II, even as he took on more of her duties and responsibilities as she aged. But the late monarch's eldest son, 73, made the most of his record-breaking time as the longest-serving heir to the throne by forging his own path. (Photo by TOBY MELVILLE / POOL / AFP)

TOBY MELVILLE / AFP

Le roi Charles III monte sur trône à 73 ans, après la mort de sa mère la reine Elizabeth II le 8 septembre 2022.

CHARLES III - Il aura attendu près de 70 ans pour monter sur le trône. Le prince Charles est devenu le roi Charles III jeudi 8 septembre après la mort la reine Elizabeth II à 96 ans. Très différent de sa mère, beaucoup moins populaire, le nouveau roi a des idées arrêtées sur de nombreux sujets, homme de passions qui ont suscité parfois l’admiration et souvent les critiques.

À 73 ans, Charles III entre dans l’histoire comme le monarque britannique le plus âgé au début de son règne. Et il est plus que prêt, d’autant qu’au fil des années il a pris de plus en plus la place de sa mère : les inaugurations, les remises de médailles, les dîners d’État, les voyages et les garden parties n’ont plus de secret pour lui. Il a visité près de cent pays, rencontré beaucoup des grands de ce monde, serré des millions de mains.

« C’est un bon professionnel de la monarchie », estime Michel Faure, auteur d’une biographie du prince Charles. « Il sera un roi plutôt bienveillant (...) très différent de sa mère ». Mais c’est un « vieil homme » qui monte sur le trône, relève Robert Hazell, professeur de droit constitutionnel à l’University College London. « Ce sera très difficile pour lui de prendre la suite de la reine », explique-t-il à l’AFP. « La monarchie va probablement traverser des temps difficiles ».

Couronné Prince de Galles en 1969

Charles, Philip, Arthur, George devient héritier du trône à 3 ans et 3 mois lorsque sa mère de 25 ans devient reine en février 1952. À 4 ans et demi, il assiste à son couronnement à l’abbaye de Westminster entre sa grand-mère et sa tante Margaret. À 9 ans, sa mère lui confère le titre de prince de Galles.

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Aîné de quatre enfants, il grandit, timide et solitaire, confié à des nourrices et une gouvernante, puis envoyé très jeune en internat, notamment au pensionnat très strict de Gordonstoun en Écosse. Il étudie ensuite l’anthropologie, l’archéologie et l’histoire à l’université de Cambridge. Toutefois, son titre crée une distance inévitable avec ce prince introverti et gauche, aux oreilles décollées.

Il est couronné Prince de Galles par sa mère en juillet 1969 lors d’une cérémonie télévisée grandiose, accomplit son devoir militaire de 1971 à 1976 dans l’armée de l’air et la marine, avant de se consacrer pleinement à ses obligations de prince héritier : un rôle indéfini, « chargé de soutenir la reine pour assurer le rayonnement de la monarchie ».

Une cote de popularité inférieure à celle de ses petits-enfants

Éternel « prince Charles », sa popularité n’est pas celle de la reine Elizabeth. Sa vie privée a été scrutée et a été l’objet de nombreuses critiques. Après quelques marivaudages et les années passant, l’héritier de la Couronne accepte en 1981 d’épouser sans amour lady Diana Spencer, aristocrate e 19 ans, avec laquelle il aura deux fils, les princes William et Harry. Mais une fois son devoir accompli, il est retourné dans les bras de son amour de jeunesse Camilla Parker Bowles, qui s’est mariée à un autre car jugée non compatible à la monarchie quelques années plus tôt à cause de son style de vie et son indépendance.

Lors d’une interview événement en 1994, Charles a confirmé avoir trompé Diana et entretenu une relation extra-conjugale avec Camilla. Dans la foulée de la confession, l’opinion publique britannique se montrera un temps plus compréhensive envers le prince, puis aura la dent dure envers Charles particulièrement après la mort de Diana dans un accident de voiture à Paris en 1997. Des années plus tard, en 2005, Charles et Camilla se sont dit oui lors d’un mariage civil.

Les Britanniques sont sensibles à cette obstination amoureuse. Petit à petit sa cote de popularité remonte, même si les années Diana n’ont jamais été oubliées. Le prince Charles était à 54 % d’opinions favorables en août 2021, selon un sondage YouGov, loin derrière la reine (80 %), le prince William (78 %) sa belle-fille Kate Middleton (75 %) ou sa soeur la princesse Anne (65 %). Camilla, duchesse de Cornouailles depuis leur mariage, plafonnait à 43 %. De quoi relancer les espoirs des partisans d’une abolition de la monarchie ?

Défenseur de l’écologie

Son intérêt pour l’écologie avant même qu’elle fasse la « une » de l’actualité lui a aussi valu des critiques. À l’inverse, ce pourrait aujourd’hui être un moyen pour lui de remonter dans l’estime des Britanniques à l’heure où le changement climatique fait partie des grands défis à surmonter, et de faire basculer la monarchie dans la modernité.

« Dans les années 70, c’était presque un visionnaire, mais on le traitait d’excentrique », souligne Penny Junor, auteur de plusieurs ouvrages sur la famille royale britannique. « C’est un activiste », estime pour sa part Michel Faure. « Il a des idées, veut les faire connaître, et persuader ses sujets qu’elles sont épatantes ».

Charles par exemple a créé un jardin et une ferme entièrement biologiques dans son domaine de Highgrove dans le Gloucestershire, dans l’ouest de l’Angleterre. Il a également lancé la gamme d’aliments et de boissons issue de l’agriculture biologique Duchy Originals, commercialisée par les supermarchés haut de gamme Waitrose.

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Devoir de stricte neutralité pour le roi

Défenseur de la ruralité, critique de l’architecture moderne - il avait fait capoter dans les années 80 un projet d’extension de la National Gallery - il a créé deux petites villes sur ses terres dans le sud-ouest de l’Angleterre, Poundbury en 1993 et Nansledan, en 2013, basée sur ses idées d’une architecture traditionnelle et de développement durable.

Depuis 2007, il publie son empreinte écologique (3 133 tonnes de CO2 en 2020 contre 5 070 en 2019). Et plante des arbres auxquels il parle - cet aveu dans les années 1980 avait déclenché de nombreuses moqueries. Dès 2008, il propose un fonds mondial pour lutter contre la destruction des forêts tropicales. Il a aussi une jaguar électrique, saute généralement le repas de midi et ne mange de la viande que certains jours.

Dans les années 2000, il avait écrit à des ministres du gouvernement Blair pour parler de santé, d’éducation, mais aussi de la guerre en Irak ou de la pêche illégale à la légine australe, au risque d’être accusé d’ingérence politique. Désormais roi, il va devoir désormais respecter une stricte neutralité. En 2018, il a assuré à la BBC avoir conscience qu’il devrait s’interdire toute prise de position : « Le rôle de monarque et celui de prince de Galles sont totalement différents. Je ne serai pas un roi intrusif. Je ne suis pas si idiot. »

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