La roche de la face cachée de la Lune est arrivée, mais les chercheurs américains ont un gros problème

La roche de la face cachée de la Lune est arrivée, mais les chercheurs américains ont un gros problème.
STRINGER / AFP via Getty Images La roche de la face cachée de la Lune est arrivée, mais les chercheurs américains ont un gros problème.

ESPACE - Ils sont arrivés. Les cailloux de la face cachée de la Lune, objectif de la sonde spatiale chinoise Chang’e 6, sont bien rentrés sur notre Terre pour y être étudiés. Les très exactement 1 935,3 grammes de gravats issus de notre satellite naturel ont atterri dans leur capsule le 25 juin, avant d’être, en quelques jours, transportés à Pékin, au siège de la CNSA, l’agence spatiale chinoise. Pour les scientifiques, l’aventure ne fait que commencer.

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Les autorités chinoises ont ainsi invité les chercheurs de toutes nationalités à faire acte de candidature pour recevoir un extrait de roche, pour ensuite partager les résultats. Quel trésor potentiel pour les astronomes, les géologues ou n’importe quel amateur de mystère : c’est tout simplement la première fois qu’un morceau de la face cachée de la Lune, celle que l’on ne voit jamais et dont les caractéristiques sont encore méconnues, est mis à disposition des mains humaines. Enfin… si l’on ne vient pas des États-Unis, comme le rapporte Associated Press.

La communauté scientifique américaine, en effet, est la seule au monde qui n’a pour l’instant pas le droit de s’approcher des précieuses reliques. Toute candidature pour en recevoir un extrait, comme le demande le CNSA aux instituts qui seraient intéressés, est vouée à l’échec. Une décision des autorités chinoises en plein bras de fer commercial et diplomatique avec les États-Unis ? Pas exactement.

L’amendement Wolfe bloque (presque) tout

C’est en effet côté américain que ça bloque au départ, tout ça à cause de « l’amendement Wolfe ». Voté en 2011 à l’initiative du représentant républicain Frank Wolfe, ce texte interdit à l’agence spatiale américaine (la Nasa) d’engager des fonds pour collaborer avec n’importe quelle agence chinoise, sans obtenir d’abord l’aval du FBI, la police fédérale américaine.

L’objectif avoué de cette législation, très critiquée depuis ses débuts, est de freiner au maximum les progrès chinois dans les technologies spatiales. Il ne s’agit pas de les empêcher de récupérer des cailloux lunaires, ou même d’envoyer des fusées sur Mars, mais de contrer leurs visées militaires. Fusées et missiles intercontinentaux ont beaucoup en commun, et ce que soupçonnait Wolfe, comme les partisans du texte (revoté chaque année depuis) est que le programme spatial chinois soit le paravent de leurs avancées dans le domaine militaire.

Mais voilà. Outre que cela peut avoir des effets très clairs sur la recherche américaine elle-même (comme ici, si les chercheurs américains n’ont pas accès à la roche lunaire), c’est particulièrement frustrant dans le cas de cette mission. En 2019, avec l’accord du Congrès, la Nasa avait en effet collaboré avec la Chine pour la mission Chang’e 4, un robot lunaire qui n’est autre que le précurseur de Chang’e 6.

La Nasa, de son côté, a montré sa grande motivation à pouvoir étudier ces extraits de roche. Dès décembre 2023, elle enjoignait ainsi ses employés à candidater pour faire partie des heureux élus, en expliquant qu’elle avait fourni aux autorités américaines toutes les justifications nécessaires pour autoriser cette coopération. Mais la Chine, qui par ailleurs joue la carte de l’ouverture, explique que l’amendement Wolfe est un obstacle, et refuse donc la candidature américaine. Pour le moment donc, pas de colis lunaire pour les chercheurs d’outre-Atlantique.

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