Rites funéraires : des adieux sous le signe de la simplicité

Pour qui sonne encore le glas ? Avec le recul du religieux dans la société, les signes extérieurs de tristesse s'effacent au profit de nouvelles pratiques funéraires plus sobres, plus intimes… mais aussi plus individualisées.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°211 daté octobre/ décembre 2022.

"Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière", dit la Genèse. Le monde contemporain semble avoir fait du minimalisme biblique son maître-mot. Les corps des défunts se trouvent de plus en plus promptement réduits à d'infimes traces. En France, l'essor de la crémation, pratiquée dans 1 % des funérailles dans les années 1980 contre 35 % aujourd'hui, et jusqu'à 50 % en ville, matérialise cette disparition accélérée des cadavres. Sans compter des pratiques émergentes comme l'aquamation ou l'humusation.

Autres variantes de ce retour à la terre, les forêts cinéraires apparues en Allemagne, en Suisse et en Belgique, où des urnes biodégradables sont enterrées au pied des arbres ; dans une version plus modeste sont aussi proposées des urnes où les cendres sont mêlées à du terreau et des graines pour créer un végétal mémoriel.

Le devenir expéditif des dépouilles fait écho à l'érosion plus générale des rituels funéraires à l'œuvre depuis le milieu du 20e siècle. La pompe funèbre n'a cessé de se dégonfler, renvoyant aux oubliettes de l'histoire les longues veillées au chevet du mort, le tintement lent du glas et les imposants cortèges emportant le défunt vers sa dernière demeure. Balayés aussi les signes extérieurs du deuil exhibés par les familles, les veuves en particulier, autrefois astreintes durant des mois au port du noir et au retrait de la vie sociale pour matérialiser la douleur de la perte.

La sécularisation de la société a été le principal fossoyeur des rites ancestraux. "Les grands mouvements qui caractérisent le rapport à la mort sont fortement marqués par le recul du religieux, explique la socioanthropologue Catherine Le Grand-Sébille, et par le transfert massif de l'accompagnement de la mort des institutions religieuses vers l'hôpital, les établissements pour personnes âgées et les professionnels du funéraire. La médicalisation a a[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi