Risque de shutdown, votes suspendus... Aux États-Unis, la politique paralysée par la "crise du speaker"

La crise politique dure et s'intensifie. Les républicains américains ont désigné le mardi 24 octobre leur quatrième candidat au poste de "speaker", Mike Johnson, à la Chambre des représentants, après une série d'échecs au cours des deux dernières semaines. Cette situation est le résultat de la destitution inédite, le 3 octobre, de Kevin McCarthy, un "speaker" jugé trop centriste par une frange de députés trumpistes.

Sans personne pour occuper ce poste, qui s'apparente à la présidence de l'Assemblée nationale en France, la Chambre ne peut pas fonctionner normalement et paralyse de fait tout le système politique et une partie du système administratif des États-Unis. Et les luttes intestines entre l'establishment républicain et les pro-Trump ne semblent pas près de prendre fin pour éviter un tel blocage.

Impossibilité de voter les lois

Sans "speaker", il est en effet impossible de tenir un vote sur un projet de loi, notamment sur les questions budgétaires. Dans ce contexte, à moins que les élus n'approuvent le budget fédéral pour 2024 d'ici le 17 novembre, l'administration fédérale sera paralysée, avec des centaines de milliers de travailleurs renvoyés temporairement chez eux sans salaire.

"C'est probablement l'une des choses les plus embarrassantes que j'ai vues", a déclaré le chef républicain de la commission des affaires étrangères, Michael McCaul, à ABC News dimanche. "Parce que si nous n'avons pas de président de la Chambre, nous ne pouvons pas gouverner", a-t-il expliqué.

Ces épisodes dits de "shutdown" arrivent régulièrement lorsque les parlementaires ne votent pas le budget dans les temps. Le dernier date de 2018-2019 lorsque la Maison-Blanche et le Congrès avaient échoué à trouver un accord sur le financement du projet de mur entre le Mexique et les États-Unis souhaité par Donald Trump, alors président. Ce "shutdown", qui a duré un mois et trois jours, est à ce jour le plus long de l'histoire américaine.

Blocage des aides à Israël et à l'Ukraine

Sans personne pour occuper le poste, la Chambre est également dans l'incapacité d'accéder à la demande du président Joe Biden de débloquer plus de 100 milliards de dollars en fonds d'urgence, principalement de l'aide militaire pour l'Ukraine et Israël dans leurs guerres contre, respectivement, la Russie et le Hamas.

"À un moment critique où nos alliés comptent sur nous pour que nous montrions du leadership (...), les républicains de la Chambre tournent notre gouvernement en dérision et embarrassent le pays sur la scène mondiale", a dénoncé la porte-parole du Comité national démocrate, Sarafina Chitika.

Comme depuis trois semaines, la confusion règne au Congrès sur la marche à suivre et le feuilleton parlementaire promet de nouveaux rebondissements dans les jours et semaines à venir.

Article original publié sur BFMTV.com